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De la valeur au capital (client)

Publié le 08 août 2009 par Christophe Benavent
De la valeur au capital (client)Une suite à "retour à la valeur"
Et non, nous n'évoquerons pas cette transmutation fondamentale qui est au cœur de la pensée marxiste, ce passage de la valeur d'usage à la valeur marchande, même si cela reste au programme. Nous resterons plus modeste en nous intéressant à ce que comment de l'idée que chaque client est un actif de l'entreprise, on peut imaginer que la valeur de l'entreprise est celle de l'ensemble clientèle. De quoi se constitue le capital client ( Customer equity).

En posant que le client est un actif, nous allons au cœur du problème. Si la valeur de l'entreprise est bien la somme des cash flow futurs que sa politique actuelle va générer, il est évident que cette valeur est équivalente à celle que l'ensemble de son portefeuille de client va générer en fonction de la politique qu'elle mène. Pour affirmer cela, il faut partager l'idée que dans un temps indéfini, la valeur de la firme dépend des revenus qu'elle génère, de ses investissements, et des coûts qu'elle concède pour les obtenir. Et donc que quelque soit les modèles d'affaires, la valeur de la firme se résout dans sa capacité à obtenir des flux de revenus contre des dépenses de ressources. C'est un point extrêmement discutable, d'une part parce que les revenus peuvent venir d'une autre source que celle qui motive les dépenses, c'est le modèle des marchés à plusieurs faces, mais aussi du fait que les revenus peuvent venir du fait de l'espérance d'un revenu futur, actualisé sur le marché financier, c'est le modèle des ventures Business.

Restons donc dans le cadre traditionnel, de ce qu'à terme le revenu est produit par ceux qui achètent le produit, ou le service, de la firme. Dans l'effort de valorisation des actifs, il est clair qu'il faut comparer ce que l'on investit, ce qu'on dépense, à ce qu'on espère gagner. L'investissement correspond à la dépense actuelle qui peut générer des revenus immédiats et futurs, la dépense est ce que l'on doit consacrer pour servir la réalisation des revenus immédiats. La balance se fait en comparant le cumul de ce qui est investi, plus celui qui est dépensé, au flux cumulé des revenus obtenus. La différence est exactement ce qu'on appelle le customer equity. Le capital client.

Une première intention serait comme nous l'avons analysé, de le définir comme la somme les Customer Life Time values. Mais si le capital client se limitait à cette seule sommation nous n'aurions pas défini de concept nouveau. Il faut aller plus loin. Life time Value et customer equity serait la même chose à la base de clientèle prêt.

Mais avant d'aller plus loin réglons le sort d'autres formes de capital. Le premier d'entre eux est le capital de marque, un autre plus fondamental est le capital produit, je n'ose encore parler de capital relationnel, ou pire de capital social. Nous abusons du capital, le capital ne se multiplie pas, sauf dans le temps, il ne fait que s'ajouter. Le capital produit est cette quantité qui fait que les revenus de l'offre mise sur le marché moins les dépenses nécessaires pour le concevoir et le produire, génère sur le long terme une accumulation de profit positive. Le capital de marque est dans le même esprit, cette différence qui s'ajoute parce que la marque permet de pratiquer des prix plus élevés ou de retenir l'attention d'un plus grand nombre de consommateurs. Le capital d'innovation est de même nature. Les uns et les autres ne s'ajoutent pas au capital client, il ne font que le composer. Nous pourrions simplement concéder que dans la nature même de la relation établie avec les clients, il y a une source de valeur qui excède celle que produit la fonction, plus celle que produit le symbole, cet excès représentant la qualité particulière de la relation que la firme établit avec ses clients. En imaginant qu'on apporte les mêmes fonctionnalités que les concurrents, en imaginant qu'on leur apporte la même réputation, le fait de valoir plus que les autres, ne pourra provenir que de ce qu'on a établit une meilleure relation que les autres.

Dans cette conception la valeur client est la valeur de la firme, même si elle peut être décomposée en une valeur de l'offre, une valeur de la marque et une valeur de la relation.

Le capital client est donc clairement égal à la valeur de la firme, en ce sens qu'il représente la sommes des cash-flows actualisés. La différence n'est pas de nature, mais dépend du mode de calcul. La valeur de la firme s'évaluent à partir d'un indicateur comptable synthétique, celle de la clientèle à partir d'un indicateur agrégé. D'un côté on agrège les profit par unité de temps, de l'autre par unité d'actif productif. Voilà pour une définition générale. Il faut maintenant s'intéresser à la décomposition de ce capital client, généralement désigné par la terminologie de customer equity.

La part essentiel naturellement est constituée de la somme des cash flow futur générés par les clients d'aujourd'hui, compte-tenu de la politique menée actuellement. Mais cette politique menée actuellement ne se contente pas de maintenir les clients existants. L'agrégation de leur valeur bien sur nécessite de prendre en compte des phénomènes de cohorte, les vagues successives de nouveaux clients. C'est un détail technique. Le point principal est que la politique actuelle induit le recrutement de nouveaux clients, élément que les modèles de CLTV ne prennent pas en compte. Le customer-equity se définit donc dans la sommes des cash-flow futurs générés par la base de clientèle actuelle, plus ceux de la clientèle future, compte de la politique actuelle de marketing. Celle ci comprend la politique d'acquisition, de rétention, de développement, mais aussi de manière fondamentale la politique de création de valeur pour le consommateur.

En distinguant ces catégories nous mettons l'accent sur le fait que les dépenses marketing sont relatives d'une part à une offre de base, qui peut susciter un plus ou moins grand potentiel de demande, et d'autre part à des actions de stimulation qui peuvent accélérer ou ralentir l'accès au potentiel. Les dépenses d'acquisition ou de rétention ne font finalement que déterminer la vitesse à laquelle la firme atteint son potentiel de marché dans la limite de ce que ces dépenses peuvent aussi affecter le potentiel.

Mais ne raffinons pas trop le raisonnement, le capital client est ce flux de cash fow constitué par les clients actuels, et les clients futurs que la politique marketing actuel laisse à espérer. Il faudrait simplement ajouter ces clients que les clients actuels et futurs vont par leurs comportements, leurs opinions, leurs recommandations ajouter à la population que l'on gère actuellement. Dans une analyse précédente nous avons refusé d'ajouter leur contribution à la CLTV. Nous pouvons nous en expliquer maintenant. Sur le principe il aurait été assez raisonnable d'ajouter cette contribution à ceux qui en sont les inducteurs, mais cela reviendrait dans notre décomposition à comptabiliser cette contribution dans la valeur créée par les consommateurs actuels. Et donc à sous estimer l'efficience des investissements et des dépenses.

En séparant cette contribution on donne un visage plus réaliste à ce qui forme le capital client : la somme des gains futurs produit directement par les clients acquis aujourd'hui, plus celle des clients que notre politique d'acquisition aujourd'hui va permettent d'atteindre demain, et enfin ceux que l'offre de base, la marque et la qualité de relation, vont produire sans qu'on ait fait d'effort directement vers eux.

Ainsi nous pouvons défendre l'idée que le capital client ne se confond pas avec celle de la somme des CLTV mais la déborde. Et au passage un ratio du type CE/n*CLTV serait un bon indicateur de la capacité à générer des externalités de clientèle.

En étendant cette idée, on pourrait même mieux comprendre des modèle d'affaire moins traditionnel. Autrement dit ceux dans lesquels la valeur de client est quasi nulle, mais par ses effets secondaires, génère des revenus dérivé très élevés comme cela est le cas dans les marchés à plusieurs faces. Si la life time value des usagers de Google est clairement négative, le customer equity à la lecture des résultats est très largement positif.

Mais restons sur notre ligne principale, celle de business-model traditionnels dans lesquels la valeur se constitue dans la différences entre les investissements consentis pour servir une clientèles et les revenus qu'elle génère directement. Le paramètre clé est ici la politique d'acquisition, et de la même manière que nous avons définis une CLTV optimale, nous pouvons définir un CE value optimal, qui sera déterminé par la meilleure combinaison entre les investissements destinés au renouvellement de la base de clientèle et au maintien de l'ancienne.

Mais il n'y a pas d'isomorphisme. Il est raisonnable ainsi de penser que si client par client, nous devions penser qu'il faut mieux investir sur la fidélisation, à l'échelle du portefeuille c'est l'acquisition qui deviennent la priorité. Dépenser beaucoup pour plus que renouveler la base de la clientèle pourrait être compatible avec l'idée de dépenser peu pour acquérir chaque client, un budget d'acquisition élevé est compatible avec une dépense par client actif qui soit faible. Une telle situation se comprend dans la mesure où dépenser peu en moyenne pour acquérir un nouveau client, laisse espérer que celui -ci aie une forte valeur, dépenser beaucoup au total signifierait juste d'élargir considérablement le marché potentiel.

Voilà qui milite pour une idée simple, l'intérêt du concept de customer equity concerne un aspect stratégique du marketing, quand celui distinct du CLTV relève essentiellement d'un problème opérationnel.


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