Si Midi
Olympique n'avait pas consacré, dans son édition du 7 août, une
pleine page, l'information serait peut-être passée inaperçue. Et
cela aurait été injuste.
Après des
années d'arbitrage de haut niveau, et à un âge où l'on est sans
doute à l'apogée de ses moyens (43 ans), Joêl Jutge a annoncé en
juin dernier qu'il raccrochait les crampons. Une blessure tenace,
héritée du temps où il jouait demi de mêlée, et qu'il n'est pas
parvenu à soigner, l'a contraint à abandonner son
sifflet.
Joël Jutge fut l'un des premiers arbitres professionnels français. Il a arbitré les plus grands, Nations ou joueurs, et a démontré à nos amis Anglo-saxons qu'un représentant du continent Européen pouvait rivaliser avec les meilleurs sifflets du monde. Sa nationalité, et peut-être une forme de croyance tenace dans les insuffisances de l'arbitrage français, l'ont empêché, à nos yeux, d'avoir la carrière internationale qu'il méritait. Même si celle-ci fut plus qu'honorable (il fut ainsi juge de touche de la dernière finale de Coupe du Monde).
A l'heure où les critiques se font de plus en plus virulentes à l'égard du corps arbitral, où les exigences du professionnalisme imposent une pression grandissante aux "hommes en noir", Joël Jutge représente sans doute le modèle de l'arbitre moderne : ancien joueur de haut niveau (Colomier, Cahors), affuté physiquement (et donc proche du jeu...), très bon technicien, il combinait donc les qualités essentielles d'un directeur de jeu professionnel.
Il est étonnant de constater combien rares sont ceux qui, parmi les supporters, ont quelque chose à lui reprocher. On sait bien que certains arbitres, nationaux comme internationaux, ont des détracteurs plus ou moins nombreux. Ce n'est pas le cas de Joël Jutge, et c'est une forme d'exploit.
Au moment où le Top14 s'apprête à reprendre, on souhaitait saluer ce serviteur du rugby tricolore. Heureusement pour ses pairs (et pour l'arbitrage tricolore), Joêl Jutge poursuivra son travail au sein de la Fédération. Il croit dans le potentiel français dans ce domaine. Il a raison. Et il n'est pas normal qu'un réservoir comme le notre ne dégage pas davantage d'arbitres internationaux. C'est cette mission, difficile, à laquelle il s'astreint désormais : promouvoir un arbitrage tricolore de haut niveau.
Au revoir, et
merci, Monsieur Jutge.