S. Thomas d'Aquin, Commentaire sur Jean 6 (7)

Publié le 07 août 2009 par Walterman

II ILS LUI DIRENT DONC: "QUEL SIGNE FAIS-TU DONC POUR QUE NOUS VOYIONS ET CROYIONS EN TOI?QUELLE OEUVRE FAIS-TU? NOS PÈRES ONT MANGÉ LA MANNE DANS LE DÉSERT, COMME IL EST ÉCRIT: IL LEUR A DONNÉ À MANGER UN PAIN DU CIEL. "JÉSUS LEUR DIT DONC: "AMEN, AMEN, JE VOUS LE DIS, CE N’EST PAS MOÏSE QUI VOUS A DONNÉ LE PAIN DU CIEL, MAIS C’EST MON PERE QUI VOUS DONNE LE VRAI PAIN DU CIEL. CAR LE VRAI PAIN [DIEU] EST GELUI QUI DESCEND DU CIEL ET DONNE LA VIE AU MONDE. "


Ce passage traite de l’origine de cette nourriture, que Jésus révèle en réponse à une question des Juifs qui réclament un signe et qui précisent lequel en mettant en avant le témoignage de l’Ecriture.
Ils demandent un signe en posant une question: ILS LUI DIRENT: "QUEL SIGNE FAIS-TU DONC POUR QUE NOUS VOYIONS ET CROYIONS EN TOI?"
Cette question est éclaircie par Chrysostome, et d’une autre manière par Augustin. Chrysostome dit en effet que le Seigneur les avait invités à la foi. Or, parmi ce qui nous conduit à embrasser la foi, il y a les miracles: Des signes sont donnés pour ceux qui n'ont pas la foi; et pour cette raison, ils demandent encore un signe grâce auquel ils puissent croire; c’est en effet une habitude chez les Juifs que de demander des signes: Les Juifs réclament des signes. C’est pour cette raison qu’ils disent: QUEL SIGNE FAIS-TU DONC?
Mais il est ridicule, de la part des Juifs, de réclamer un miracle pour croire, quel que soit ce miracle, puisque le Christ venait d’en accomplir en multipliant les pains et en marchant sur le mer et que ces miracles, grâce auxquels ils auraient pu croire, s’étaient produits sous leurs yeux. Mais s’ils disent cela, c’est pour provoquer le Seigneur et l’amener à leur procurer toujours la nourriture. Cela est évident, puisqu’ils ne font mention d’aucun autre signe que celui accompli par Moïse pour leurs pères pendant quarante années, comme si par là ils lui demandaient de toujours les nourrir: NOS PERES ONT MANGE LA MANNE DANS LE DESERT, et non pas: Dieu a nourri nos pères de la manne, pour ne pas laisser croire qu’ils voulaient en faire l’égal de Dieu. Ils ne disent pas non plus que Moïse les a nourris, pour ne pas laisser penser qu’ils préféraient Moïse au Christ: ne voulaient-ils pas l’amadouer, pour que sans cesse il les nourrisse? De cette nourriture il est dit: Voici que moi je vais faire pleuvoir pour vous un pain du ciel, et dans les Psaumes: L’homme a mangé le pain des anges.

NOS PÈRES ONTMANGÉ LA MANNE DANS LE DÉSERT, COMME IL EST ÉCRIT: IL LEUR A DONNÉ À MANGER UN PAIN DU CIEL.

Augustin, lui, dit que le Seigneur a affirmé qu’il allait leur donner LA NOURRITURE QUI DEMEURE POUR LA VIE ETERNELLE comme pour faire apparaître sa prééminence sur Moïse. Les Juifs, eux, estimaient Moïse plus grand que le Christ. Pour cette raison ils affirmaient:
Dieu a parlé à Moïse, mais celui-ci, nous ne savons d’où il est. Et c’est pour cela qu’ils réclamaient du Christ qu’il accomplisse des actions plus grandes que celles de Moïse. Et à cause de cela, ils évoquent ce que fit Moïse en disant: NOS PERES ONT MANGE LA MANNE DANS LE DESERT, comme s’ils voulaient dire: l’action que tu t’attribues est plus grande que ce que Moïse a accompli, parce que toi tu promets la nourriture qui ne périt pas, tandis que la manne donnée par Moïse, si elle était gardée pour le lendemain, grouillait de vers. Si donc tu veux que nous croyions en toi, accomplis quelque chose de plus grand que Moïse; ce que tu as accompli, en effet, n’est pas plus grand, parce que tu as rassasié cinq mille hommes, mais avec des pains d’orge et une seule fois, alors que lui, c’est tout le peuple qu’il a rassasié avec la manne, et pendant quarante années, et cela dans le désert, ainsi qu’il est écrit dans le psaume: Il leur a donné à manger un pain du ciel.