estuaires : l’entonnoir de la somnolence,
le jour noué rendu à son point de départ
ô toi chantre des combustions spontanées
tu vis un flagellement
de vent et de fleurs
tout jour gravide de son propre lendemain,
avide du retour à sa cause première,
avide de l’océan qui claque du bec.
Du sang – Du sang – Qui souille invente les parois
qui attise la fonction mobile
de l’ombre.
Du sang – Sous les galops des paquets d’ombre obtus -
Sous leur rassemblement de muscles limoneux ;
du sang – craché sur la paix des lentilles d’eau
et nénuphars dont quelquefois l’âme s’évade.
Il y a des tas d’autres et des floppées de « je »,
et l’hésitation exponentielle du jour
et le souffle du vent qui distribue les gifles
à tour de bras pour fractionner les univers.
Il y a la vie du vent, la racine du vent,
l’évasion
du vent,
son retour
au bercail.
Il y a la jachère qui se répand et court
butant sur chaque mot, interrogeant
les phrases
et les phases des phrases à l’assaut du ciel.
Peut-être que je les ai tous imaginés,
pas moins, ces nuages au dos d’éléphant de mer,
aux balourdises de monstrueux baleinaux
que le vent très fée-du-logis cherche à chasser.
Le sarcophage plombé des murs me tient chaud,
l’habit d’abeille du vent convoite mon corps
j’ai conscience d’une jachère au sol rétif,
d’une ravine qui s’interpose toujours
pour faire résonner le mitan de la nuit
dont les pétroglyphes ont des pattes d’araignée
Nous est-elle ajoutée
ou retirée,
la transe ?
estuaire ligne brisée qui se souvient
pluie comme des lèvres qui butinent un corps
pluie bien à la verticale à la dérobée
dans la nuit où siègent ses bruits conspirateurs
de souris en train de s’activer sous les plinthes
soleil et pluie qui désirent mêler leurs sangs.
P.Laranco