Depuis le 4 avril, l’exposition «Holbein bis Tillmans» propose, dans le Schaulager de Bâle, 200 œuvres – peintures, sculptures, installations ou vidéos – étalées sur cinq siècles. Ces créations sont propriété du Kunstmuseum, mais ont dû en sortir en raison de l’exposition que le musée bâlois consacre à Vincent van Gogh
A la frontière avec Bâle-Campagne, le bâtiment Schaulager, «le plus grand coffre au trésor de Bâle», monolithe signé des architectes Herzog & de Meuron, apparaît comme surgi du sol, cerné d’usines et de dépôts. On traverse la ligne de tram pour pénétrer dans une grotte de luxe. C’est ici que la curatrice et directrice des lieux Theodora Vischer a proposé ce déménagement inédit qui rapproche, par exemple, les Accidents et les Ten-foot Flowers d’Andy Warhol des photographies du jeune allemand Wolfgang Tillmans.
Mais «Holbein bis Tillmans» est d’abord l’essai d’une rencontre entre les époques. La première œuvre, symbole de cette exposition, une photographie de l’artiste Rodney Graham représentant un savant, en selle à l’envers sur un cheval mécanique, lisant l’annuaire téléphonique de Vancouver la ville où il réside, pour Allegory of Folly (2005), s’amuse du parallèle qui naît avec le portrait d’Erasme signé Hans Holbein (1530), vieux de cinq siècles, suspendu dans la salle contiguë. Parce que «l’art d’autrefois vu avec les yeux d’aujourd’hui peut parfois retrouver son actualité d’origine», explique Theodora Vischer.
C’est l’Etude d’un monument équestre « In the Form of a Wind Vane » L’artiste canadien reprend la pensée d’Erasme et fait allusion à son écrit provocateur, imprimé à Bâle, Das Lob der Torheit (1509) qui fit scandale à son époque. La modernité du sujet est évidente ainsi que le clin d’œil aux portraits présentés
Parmi les portraits peint par Hans Holbein le Jeune, ont peut admirer celui de Bonifacius Amerbach, ami d’Erasme et de Holbein, grand collectionneur, qui céda sa collection au Kunstmuseum de Bâle en 1662.
La collection du musée des Beaux Arts de Bâle est ainsi la plus ancienne collection publique du monde.
Etrangement c’est une photo de Candida Hofer (1944) de la peinture d’un portrait de l’épouse de Holbein, en compagnie de leur fille Katharina et de leur Philippe, (sous prétexte que cette toile comme le Christ Mort, ne doit jamais quitter le Kunst) est mise en coïncidence avec une toile de Picasso, Homme, Femme, Enfant.
Ce couloir vous conduit à l’installation de Llya Kabalov, « Mutter und Sohn » « das album meiner mutter » (1993) des lampes de poche sont à votre disposition pour découvir, ce que Beila Solodonkirna a rassemblé en souvenir de son fils, des objets usuels dérisoirs, suspendus sur des fils, comme une immense lessive, dans la pénombre, tout au long des murs des photos de famille.
Une autre étrangeté la vidéo « Annex » de Tacita Deans filmant Mario Merz au visage menaçant.
La vidéo de Bill Viola, « Anthem » montre une jeune asiatique, laissant échapper un cri par moment, marchant dans une civilisation post-industrielle au son d’une étrange complainte, seule humaine à L.A.
Les photos d’Andreas Gursky , montrant les bourses de Tokyo et de Frankfort ont une technique plus actuelle du monde.
David Claerbouts, dans sa vidéo nous emmène dans un « Happy Moment » où un groupe joue au ballon en toute quiétude.
Des tableaux noirs avec des dates d’On Kawara (1933) entourent une installation de Peter Fischli et David Weiss (1992/93) Sur un immense table où ils ont déposé 750 objets reproduits en polysturane significatifs de leur travaux en atelier.
Merian Maria Sibylla avec sa petite souris et ses fraises, voisine avec le RattenKönig de Katharina Fritsch, joli clin d’œil.
Les vanités et allégories de l’éphémère, se confrontent autour du présentoir de Katatharina Fritsch, où une multitude des petits cerveaux (pensée unique – formatée) avec la toile de Remy Zaugg, Gris sur gris, la vidéo de Gary Hill projetant un arbre minimaliste.
Toutes les associations ne sont pas pertinentes. Certaines toiles gagnent à être vue de loin telle Damascus de Frank Stella voisinant avec Donald Judd.
La madone de Robert Gober, percée par un énorme tuyau, par lequel apparaît un escalier où coûle l’eau purificatrice, trône toujours au-dessus de sa grille, flanquée de 2 coffres tout aussi aquatiques.
Les grands murs bénéficient d’un accrochage au touche-touche, muni d’un guide panoramique vous pouvez découvrir les nom des auteurs des toiles, quelques belles surprises.
Une exposition riche en découvertes, une occasion d’approcher les fonds souvent cachés du Kunstmuseum et de la Fondation Laroche. Il faudrait citer d’autres artistes et leurs oeuvres.
Exposition visible jusqu’au 4 octobre.
Pas de documentation, ni de catalogue en français, vous vous guidez seul à l’aide du texte allemand ou anglais. Encore moins de possibilité de photos.