A deux jours de la Journée internationale des populations autochtones, je vous propose une initiation à la langue des indigènes de Nouvelle-Zélande : le Māori. Repeat after me…
Vous en avez marre des cahiers de vacances ? C’est la crise et vous galérez à trouver un job ? Les recruteurs vous trouvent sympa mais regrettent votre dossier trop léger, trop banal ? Alors lisez bien ce qui suit ! Oui Madame, oui Monsieur, c’est votre jour de chance, car Monsieur Bibi Le Pari Kiwi a LA solution pour vous : le Māori – oui, la ligne qui fera bientôt toute la différence sur votre CV ! ;)
Depuis le Māori Language Act de 1987, Te Reo Māori (= la langue Māori) possède le statut de langue officielle en Nouvelle-Zélande. Les citoyens ont ainsi le droit d’être jugés en Māori ; les débats parlementaires peuvent se faire dans cette langue ; la chaîne Māori Television diffuse en partie en Te Reo ; de nombreuses inscriptions dans les universités sont rédigées dans les deux langues, etc.
Dans les faits, moins de 160 000 personnes en Nouvelle-Zélande se disent capables d’avoir une conversation basique en Māori, ce qui correspond à 4% de la population. A titre de comparaison, le breton compterait aujourd’hui 172 000 locuteurs et l’espéranto environ 2 millions. Le club que je vous propose de rejoindre aujourd’hui est donc très restreint…
Tēnā koutou katoa e ngā akonga o te reo Māori. Salutations à vous tous, étudiants de la langue Māori.
Commençons par le commencement : bonjour, au revoir, and co. Le salut classique, qui sert aussi pour dire merci, est Kia ora. On peut aussi utiliser Tēnā koe (si l’on s’adresse à une personne), Tēnā kōrua (à deux personnes) ou Tēnā koutou (à plus de deux personnes), autant d’expression qui sont, je crois, un peu plus formelles. Au rayon des au revoir/à bientôt, on trouve le sympathique Ka kite – tellement sympathique que je vous en épargne les variantes.
Quelques précisions sur la prononciation maintenant. Le Māori est une langue assez simple à appréhender, reprenant l’essentiel de notre alphabet et se prononçant assez instinctivement. Mais cela n’empêche pas quelques spécificités… Ainsi, les r sont roulés ; oubliez donc les r gutturaux à la française et les r crémeux à l’anglaise, adoptez les r roulés à l’espagnol – ou à l’écossaise, selon les goûts. Au pire, remplacez les r par des l, ce qui vous donnera kia ola en guise de bonjour. Ensuite, quand vous voyez un macron au-dessus d’une lettre, comme sur le e et le a de tēnā, cela signifie qu’il vous faut insister sur ces lettres, les prononcer plus longuement que les autres – avec comme résultat un téénaa à la Doc Gynéco plutôt qu’un téna articulé à toute vitesse. (Au passage, vous aurez compris que le e se prononce é.) Enfin, pêle-mêle : oe se prononce oué et non ohé ; le wh se prononce comme un f ; le u ressemble à un ou ; le ou à un oy. Voilà, avec ça, vous êtes bon pour nos cinq premiers mots.
On enchaîne, on enchaîne, avec quelques questions-réponses bien utiles pour faire connaissance…
- Aah, le nombre de fois où vous avez croisé un Māori dans la rue et rêvé de pouvoir lui demander son petit nom, frustrant hein – et tellement fréquent ! Alors qu’il aurait suffi de demander… Ko wai tō ingoa? (ko waïe tôô ingoa – comment t’appelles-tu/vous-appelez vous?) Votre mystérieux Māori vous aurait alors répondu: Ko Jean-Michel tōku ingoa (je m’appelle Jean-Michel - désolé pour l’exotisme)…
- Intrigué par ce personnage, vous lui demandez alors d’où il vient : Nō hea koe? (Nôô hhéa koué?) Et ce brave Jean-Michel de vous répondre : Nō Wīwī au! (Nôô ouii-ouii oy!) Là, vos soupçons se révèlent malheureusement fondés : eh oui, Jean-Mich est un faux Māori. Wīwī est en effet le nom Māori désignant… la France – et non la Nouvelle-Zélande, dont le nom est Aotearoa !
- Retenant votre colère devant une telle arnaque, vous arrivez malgré tout à faire preuve de diplomatie, en lui demandant comment il va : Kei te pēhea koe? (Key té pééhhéa koué?) L’heure de l’apéro approchant, il vous répond naturellement : Kei te hiainu! (Key té hhia-i-nou! J’ai soif!)
- Jean-Michel est un chic type, alors il vous invite chez lui pour un petit pastis. Ka pai! (Ka paille – Génial!) Bien tenté par cette invitation, vous lui demandez où est sa maison : Kei hea tō kāinga? (Key hhéa tôô kaainga?) Il vous montre alors une voiture garée non loin, et vous répond : Kei muri tōkukāinga i te motokā. (Key mouli tôôkoukaainga i té motokaa – Ma maison est derrière la voiture.)
- Et ensuite, que se passe-t-il ? Mmh, “celaa ne nouus… regarde pas” ! :)
That’s all folks, je crois qu’on a à peu près fait le tour de mes connaissances du moment ; j’espère que vous arriverez à retenir deux-trois expressions, histoire d’épater la galerie lors de votre prochain dîner mondain ! Vous verrez, il y a peu de chances que le reste de l’assistance connaisse autre chose que les mots Kiwi et Haka… ;)
Si vous avez des questions, n’hésitez pas ! Patua te whakamā! (Ne soyez pas timides !)
→ En savoir plus : Site web de la Maori Language Commission + Article “Langue maori” sur Wikipedia en français et en anglais + Article Les 100 mots Māori que chaque Néo-Zélandais devrait connaître sur NZhistory (en anglais).
→ Bonus : Vous aussi, comptez en Māori…