Après 1858, Esquermes , au milieu de ses frondaisons et de ses cours d'eau, va résister quelque temps aux assauts de l'industrie. Mais les chemins bordés de lilas et d'églantiers vont bientôt disparaître.
Les guinguettes seront remplacées par des manufactures qui amènent un monde sordide de rues particulières et de courées aux visages aveugles.
Là où résonnaient les rigodons vont retentir les cloches des usines...Là où se cachait la guinguette agreste vont proliférer les estaminets et surtout les taudis .
Vers 1870, on bâtit rapidement de petites maisons avec des matériaux de mauvaise qualité et en ignorant l'eau potable, les latrines, le cubage d'air et le pavement des rues .
Ce monde met en commun ses joies et ses peines. Comment rester seul dans ces demeures étroites où des familles entières s'entassent dans une chambre, un grenier, une cave ?
Cris d'ivrogne, de mères exaspérées et à bout de forces, d'enfants qui ne peuvent dormir ou qui agonisent...La mort, l'amour, le vice, la honte, la faim, rien qu'on ne puisse cacher !!!
Toute cette promiscuité a comme corollaire une extraordinaire solidarité .
d'après Pierre Pierrard.