Nous faire peur nous fait-il du bien ?
En ce milieu d'été, j'observe avec étonnement l'évolution des réactions face à la grippe A. Peut-être ne devrais-je pas être aussi optimiste, vu que le sujet paraît "extrêmement préoccupant". Ces peurs extrêmes font le bonheur des professionnels du mieux-être, qui voient leurs cabinets se remplir de clients angoissés.
Certains de mes clients me disent que le monde d'aujourd'hui est "plus dur qu'avant" (je reviendrai bientôt sur ce thème). Depuis un an déjà, la crise économique et financière a sévi, et renforcé les travers de tous les inquiets qui ont peur du lendemain. Avant, il y avait eu l'augmentation du prix de l'essence, la chute de celui de l'immobilier, les élections présidentielles (et il paraît que ça n'est rien comparé aux angoisses déclenchées par le 1er tour des présidentielles de 2002), la guerre en Irak, la vache folle, la canicule, le tsunami, la tempête...
Les médias élèvent au rang d'événements incontournables ces virages de nos sociétés (ou de notre planète). Ils nous laissent entendre que rien ne sera jamais plus comme avant, et que nous n'y pouvons rien. Ils remettent en question les avis des experts les plus rassurants, et nous annoncent le pire. Avec force détails, ils participent à l'amplification de nos peurs. L'information va vite, elle est commentée sans recul, au jour le jour et à mesure des évolutions connues.
Que cherchons-nous en traquant les moindres informations qui entretiennent nos angoisses ? Peut-être à nous rassurer, en saisissant le contraste entre ce qui nous est exposé et la sérénité (apparente) dans laquelle nous sommes encore. Comme si le monde dans lequel nous vivons était en train de basculer, et que nous en savourons les derniers instants, néanmoins gachés par les menaces futures. Nous sommes comme les enfants qui vont au train fantôme pour se faire peur, et ressortent terrifiés et soulagés, heureux de retrouver la lumière. Avons-nous vraiment besoin de tutoyer ces peurs pour nous sentir bien ?