M comme « Mann (Klaus) »
Publié le 07 août 2009 par Jeanyvessecheresse
Alors que plutôt pathétique, ce pauvre Stefan Zweig s’était exclamé après l’arrivée massive des députés nazis au Reichstag à la fin de l’été 1930 qu’il s’agissait de l’expression « d’une révolte de la jeunesse (...) contre la lenteur et l’indécision de la haute politique », Klaus Mann avait répliqué sans concession à l’écrivain autrichien qu’il ne voulait pas « comprendre ces gens-là ». Ceux qui au nom de la jeunesse « avait fait le choix de la régression ». Sans compromis à l’égard du nazisme naissant, Klaus Mann le fût dès les années trente et la publication cette année par Phébus de quelques-uns des textes du romancier allemand ne peut qu’impressionner. Ce recueil intitulé « Contre la barbarie » qui de 1925 à 1948 retrace d’une certaine façon le combat de Klaus Mann et son long exil vers les Etats-Unis, via en particulier la Hollande, sera pour bien des lecteurs un choc tant la clairvoyance et la détermination de l’auteur est sans faille. Sans compromis, intransigeant, Mann l’était contre « Le baratineur à moustache » mais aussi à l’égard de ceux qui « plièrent l’échine ». Lire ces textes et articles, pour moi qui n’a jamais lu l’autobiographie de Klaus Mann, est une révélation.
Petit bourgeois déviant, selon les critères de l’époque, Mann avait pourtant tout pour être le fils insouciant de son père, le grand écrivain Thomas Mann. Ce teufeur profitant des charmes de la République de Weimar avait tout pour rejoindre la grande cohorte des planqués qui tournèrent casaque aux premiers bruits de botes pour rejoindre l’ordre nouveau. Rien de tout cela pour le jeune Klaus. Le romancier précoce qu’il était, et ce « Contre la barbarie » en est la démonstration, entamera un long et solitaire parcours d’exil contre le nazisme, un combat humaniste que Phébus restitue dans…