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Par Susan Fraser AP -
ANKARA - Le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, qui effectuait vendredi une visite en Turquie, a affirmé que Paris respectait l'Iran et continuerait, malgré sa volonté de durcissement des sanctions, à dialoguer avec Téhéran sur son programme nucléaire.
L'Iran est un grand pays que nous respectons, avec lequel nous parlons sans cesse, et nous continuerons de parler", a affirmé le chef de la diplomatie française lors d'une conférence de presse à Ankara, à l'issue d'une rencontre avec son homologue Ali Babacan. Toutefois, a-t-il fait valoir, "ce grand pays doit respecter la règle internationale".
"La France n'a pas durci sa position par rapport à l'Iran, au contraire", a-t-il encore souligné, assurant que Paris "fera tout dans ses relations avec ce grand pays qu'est l'Iran pour que cela s'apaise".
Mercredi, le chargé d'affaires français à Téhéran avait été convoqué au ministère iranien des Affaires étrangères pour une protestation officielle contre les récents propos tenus par Bernard Kouchner. Le 16 septembre, le chef de la diplomatie française avait déclenché un véritable tollé en estimant que la communauté internationale devait "se préparer au pire", c'est-à-dire la "guerre", si l'Iran parvenait à se doter de l'arme nucléaire.
Depuis, Bernard Kouchner a adressé à ses homologues de l'Union européenne une lettre appelant à un accroissement des pressions sur l'Iran dans le dossier nucléaire.
Au cours de cette visite à Ankara, où il a aussi rencontré le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, avant de s'entretenir avec le nouveau président Abdullah Gül, M. Kouchner avait pour objectif d'améliorer des relations fortement détériorées entre les deux pays, en raison notamment de l'opposition catégorique du président français Nicolas Sarkozy à l'entrée d'Ankara dans l'Union européenne.
"Nos relations bilatérales ont été un peu refroidies, nous espérons qu'elles vont se réchauffer", a reconnu Bernard Kouchner, qui, contrairement à Nicolas Sarkozy, soutient la candidature d'Ankara à l'UE. Il a espéré que cette visite soit "le début" d'une longue série d'entretiens.
Le patron du Quai d'Orsay a évoqué dans ses entretiens "le problème" de la demande d'adhésion d'Ankara à l'Union européenne. "Bien sûr, nous en avons parlé, et bien sûr, nous en reparlerons", a-t-il affirmé, ajoutant que les deux pays allaient "entamer une série de rencontres et d'échanges à ce propos".
"J'ai dit que la Turquie poursuivra son processus de réformes avec détermination", a souligné pour sa part M. Babacan, insistant sur le fait que son pays souhaitait toujours adhérer à l'UE.
La Turquie est aussi contrariée par ce qu'elle qualifie de refus de poursuivre ou extrader des rebelles kurdes recherchés par la Turquie, et par la proposition de loi française visant à pénaliser la négation du génocide arménien.
Sur cette question, M. Kouchner a assuré que ce développement législatif ne faisait planer "aucune menace sur la Turquie" et que, du reste, "rien n'était fait". "Nous avons parlé de ce problème, nous continuerons de l'évoquer ", a-t-il dit sans autre commentaire.
"Nous sommes un partenaire important de la Turquie, la Turquie est un partenaire important pour les relations économiques avec la France", a par ailleurs relevé, indiquant que lui et son homologue avaient "examiné dans certains domaines précis comment elles pourraient s'améliorer, dans le domaine civil (...), dans le domaine économique dans le domaine militaire également". AP