Après Ségolène Royal et Dominique de Villepin, c'est au tour du leader du Modem d'affronter ses enjeux de positionnement. Il doit se réconcilier avec la victoire pour pouvoir prendre part à la prochaine présidentielle dans des conditions performantes.
Avec la crise économique, le libéralisme a baissé, le socialisme n'a pas remonté mais le "centrisme" n'existe toujours pas.
Trois facteurs sont le socle du pari sur François Bayrou et peut-être le propre pari de François Bayrou :
- le pari sur la seule présidentielle,
- le parti pris de la présidentielle par rupture,
- la prochaine présidentielle dominée par la mode des "vrais gens".
Il n'est pas nécessaire de développer le premier facteur. Avec le mandat de 5 ans, la présidentielle rythme, organise et structure la totalité de la vie politique Française.
François Bayrou ne la pose pas comme aboutissement d'une organisation de partis politiques mais comme point de départ pour la structuration de la vie politique sur de nouvelles bases considérant que le scrutin présidentiel est un contrat personnel sans intermédiaire entre un candidat et l'opinion.
Le second pari est plus original. Il est en rupture avec l'histoire de la Vème République. Le principe de la continuité a longtemps guidé les présidentielles de la Vème République jusqu'en 2002.
En 1974, VGE a résumé avec talent l'enjeu d'alors qui consistait à incarner "le changement dans la continuité". Il fallait être un dauphin pour avoir des chances.
François Bayrou croit à l'inversion du dispositif. Maintenant, il faut être l'anti-thèse pour réussir.
Dans sa manie du zapping, la société élimine plus rapidement et surtout plus radicalement pour aller à l'opposé du sortant si la société veut tourner la page.
Dans cette rupture, François Bayrou fait le pari de la mode des "vrais gens". Tout son positionnement repose sur ce choix symbolisé déjà par le tracteur lors de la présidentielle 2007.
Les "vrais gens" c'est la proximité, la morale, la liberté voire même demain la spiritualité.
Pour François Bayrou, cette modernité culturelle n'est donc pas la matérialité, l'argent roi et encore moins le "bling bling" en temps de crise.
2002 avait été son faire part de naissance.
2007 a été son accession à la majorité politique c'est-à-dire à l'indépendance.
Que sera 2012 ?
Il est bien entendu trop tôt pour le dire.
Ce qui est certain, c'est que l'échéance 2012 sera très impactée par les conditions de sortie de la crise économique.
Plus la crise sera lourde, plus le style du Chef de l'Etat sera contesté. Il sera contesté d'abord par l'incapacité constatée à sortir de la crise mais surtout par un pouvoir à l'apparat manquant d'humilité.
Une lassitude pour les "vedettes" pourrait alors se manifester et le profil de Bayrou pourrait être l'anti-thèse quasi-idéale.
A certains égards, il incarne en effet un populisme bon enfant dans une ambiance où les élites deviendraient des épouvantails donnant à l'opinion la volonté de dire non.
Mais surtout, Bayrou doit rompre avec la loose. L'opinion ne suit pas les perdants. Les "votes utiles" considèrent qu'ils se perdent en allant sur des perdants.
Pour rompre avec la loose, il reste les régionales. Les situations locales sont très diverses. Le parcours de François Bayrou devient très incertain. Quel serait son intérêt de participer à une présidentielle 2012 qui le ramènerait aux eaux des 10 % ?