Dalloz, DAL, même combat? Mon bouquin juridique Dalloz, sur des pages et des pages, détaille article par article, alinéa par alinéa, le droit au logement. Mais dans mon Dalloz, pas de DAL: jeu de mot "limite", j'en conviens, je veux parler de l'association Droit Au Logement. Et bien le DAL n'y figure pas dans ce bel objet légalo-littéraire. D'ailleurs, c'est normal, ce n'est pas dans les objectifs du Dalloz d'abriter le Droit Au Logement ! Ce petit livre rouge préfère fréquenter les manches noires des bavards et les fringants syndics.
Le DAL, que représente-t-il en fait? Dans les reportages, les manifs, on y voit des occupations de locaux, quelques électrons libres qui prennent la parole et une écrasante majorité de femmes d'origine africaine. Flanquées de leur progéniture, héritage d'une vieille culture de procréation souvent subie, elles ont été recrutées à l'ANPE virtuelle des sans papier, le temps de convoquer les media, d'immortaliser l'événement, de remplir des caddies d'indignations, des tonnes de larmes de crocodiles. Loin s'en faut de leur reprocher de venir en France, terre d'asile par excellence - parait-il. Mais dans ces occupations de logements vides - appartenant forcément à des bourgeois corrompus et à des groupes financiers - avez-vous vu la moindre personne âgée expulsée de son logement "de 48"? Des étudiants français ou étrangers qui cherchent à se loger? Des personnes handicapées? La plupart d'entre elles attendent des années pour qu'un logement adapté se libère, car "ce n'est pas une vie de rester bloqués chez soi parce que l'ascenseur de l'immeuble est toujours en panne".
Est-ce qu'ils sont de la fête à que DAL, les smicards qui couchent dans leur voiture, les jeunes mères bosseuses qui cherchent désespérément un studio à Paris? Moi, je ne vois rien de tout cela au DAL, à part les mêmes incantations. Vous l'expliquez comment? Faut-il manifester dans la rue avec fauteuils roulants et cannes anglaises pour avoir droit au logement adapté? Faut-il que sa caravane squatte le terrain du stade local pour qu'on vous attribue un lieu décent pour vivre? Les mal logés, on ne les voit pas à la télé ou dans les manifs. Ils essayent de survivre, en investissant leurs petits salaires dans une chambre d'hôtel au mois, en plantant leur tente en plein hiver sur un terrain de camping. Ils sont là les nouveaux nomades : silencieux dans la ville, silencieux en survie.
Cesarina Moresi, Philippe Barraqué
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