Louis-Jean Cormier: esprit rapailleur!

Publié le 05 août 2009 par Gabnews

Photo: AP
Sur une terrasse de la rue Fleury, Louis-Jean Cormier sirote une bière fraîche. Petit répit avant de cueillir l'enfant à la garderie [ gabnews: et quelle garderie ! ;-) ] et rentrer à la maison, question de passer un peu de temps en famille avant que le tourbillon ne reprenne aux FrancoFolies, où il est engagé dans beaucoup de projets.
Karkwa fera en quelque sorte sa rentrée montréalaise demain aux Francos, après maints séjours à l'étranger. «C'est plutôt la sortie ! réplique Louis-Jean Cormier. C'est la finale après une centaine de shows au Québec, sans compter une tournée de trois mois en Europe. On y retourne en octobre, on sera au Liban en septembre pour les Jeux de la francophonie, il y aura quelques concerts au Québec encore.»
Lancé au printemps 2008, l'album Le volume du vent est donc en fin de cycle. «Avant de se concentrer sur la création du prochain album, on reste attentifs au buzz européen. Ça pourrait se prolonger... En tout cas, nous avons clairement dépassé nos objectifs. On pensait que ça monterait tranquillement dans le réseau des bars, on a finalement trouvé un tourneur qui travaille super fort pour nous là-bas. On a fait des festivals importants, on a joué devant de grosses foules, on a piqué la curiosité des gens. On le constate surtout sur le web, puisqu'on y a presque triplé l'affluence des fans.»
Louis-Jean Cormier indique que le prochain album est déjà en chantier, bien que ralenti par la «conquête» européenne.
«De nouvelles chansons existent, nous travaillons au jour le jour. Nous sommes prêts à finaliser le tout, même si nous n'avons pas d'échéancier précis. De quoi ça aura l'air? C'est difficile à dire, en fait... Ce qui me fait tripper, en tout cas, c'est la cohésion atteinte par le groupe comme jamais auparavant. Ce qui est intéressant, c'est qu'on a réussi à désapprendre, nous libérer de la technique: c'est plus simple et peut-être meilleur.»
L'attitude sur scène se serait aussi métamorphosée au fil des derniers mois. «Nous avons notamment retenu les leçons des performances plus musclées de nos spectacles dans les festivals. En extérieur, en fait, Karkwa est encore plus rock. On met toute la gomme», explique Cormier, qui sera au centre d'un autre concept original présenté aux FrancoFolies.
Hommage à Gaston Miron
12 hommes rapaillés a été créé à l'automne 2008 sous la direction artistique de Gilles Bélanger et de Louis-Jean Cormier. Les 12 interprètes de la poésie de Gaston Miron (Flynn, Corcoran Vallières, Séguin, Faubert, Plume, Perreau, etc.) ont été mis en musique par Bélanger.
«Ce que Gilles a accompli avec les textes de Miron, c'est vraiment un exploit. Par exemple, il a créé un grand classique avec Je t'écris pour te dire que je t'aime - que Chloé Sainte-Marie a popularisé. Dans toute sa naïveté et ses connaissances musicales de chansonnier, mais aussi avec toute cette expérience acquise, Bélanger a trouvé les bonnes tournures, les petits détails qui nous sortent des sentiers battus. Nous voulions que ce soit un hommage aux mots de Miron, un hommage rendu dans la simplicité.»
Et sur scène maintenant? «La simplicité encore et avant tout, répond Cormier. On ne voulait ni ballounes ni pétards. Les 12 hommes sont tous amis, tout le monde va collaborer. Il y a un aspect communautaire dans tout ça. Ce sera avant tout une célébration de la poésie de Gaston Miron. J'en serai le directeur musical, Marc-André Larocque sera à la batterie, Mario Légaré à la basse, François Lafontaine aux claviers, Guido de Fabbro au violon et bidouillages électros. Marc Béland, un acteur que je qualifie de multigrain, signe la mise en scène. Il est super proche de notre travail.»
Outre Karkwa et les 12 hommes rapaillés, le rayonnement francofou de Louis-Jean Cormier s'étend à la réalisation des albums de Marie-Pierre Arthur et David Marin, qui se produisent aussi aux Francos cette année.
«Ça me branche de faire de la réalisation. Ça me fait bien de faire autre chose que du Karkwa. Aller ailleurs, arriver à quelque chose d'autre, travailler avec d'autres musiciens.»
Ainsi, le musicien a contribué au premier album de Marie-Pierre Arthur, qui jouit du plus gros succès d'estime de ces derniers mois - et qui assurera la première partie de Karkwa.
«Ensemble, nous avons tenté de trouver une facture originale, un peu folk avec des aspects planants, nous voulions éviter de tomber dans la copie de Feist et autres chanteuses indie.»
Louis-Jean a aussi réalisé À côté d'la track, l'album de David Marin.
«Son bagage est très québécois et sa musique passait par des références zydeco, bluegrass, folk, puis à Bob Dylan, Neil Young, etc. C'est alors que j'ai réuni le groupe formé de Robbie Kuster, Mario Légaré, François Lafontaine.»
Esprit rapailleur, somme toute? Mets-en.
Karkwa, jeudi 21h au Métropolis, et 12 hommes rapaillés, samedi 20h au Théâtre Maisonneuve.
Article d' Alain Brunet, La Presse; Publié le 05 août 2009