Début janvier de cette année, la Norvège annonçait la création d'une pièce de monnaie à la mémoire de Hans Hamsun, cet auteur au passé trouble. Trouble, certes, mais tout de même prix Nobel. Condamné à une amende pour sa participation au régime nazi, l'auteur n'avait pas fini de faire couler de l'encre.
Car c'est également cette année que l'on célèbre le 150e anniversaire de sa naissance, raison de plus pour lui offrir un petit moment de commémoration. Pourtant, sa description d'Hitler reste encore dans les mémoires : « C'était un guerrier, un guerrier pour l'humanité, et un prophète de l'évangile de la justice pour toutes les nations. » Difficile à encaisser.
Or hier, l'ensemble des festivités en son honneur a avant tout tenté de rendre à l'auteur un hommage réel, sous couvert de réhabilitation. Ou l'inverse. Halvor Fasting, responsable des services postaux du pays a ainsi inauguré le timbre Hamsun, d'une valeur de 25 couronnes (2,9 €), avec ces mots : « L'heure est maintenant venue d'honorer l'oeuvre de Hamsun. Tous les auteurs norvégiens ayant remporté le Nobel ont enfin leur portrait sur un timbre. »
Remporté en 1920, le Nobel couronnait une carrière d'auteur notamment pour l'oeuvre La faim, probablement la plus connue. Du côté de sa famille, le petit-fils Leif est intervenu sur la radio TV2 Nyhetskanalen, rapporte l'AFP. « C'était après tout un des meilleurs auteurs dont la Norvège ait accouché. Politiquement, il était inapte et toute la famille prend ses distances à cet égard. »
Sa disgrâce suite à la chute du régime nazi vint notamment de geste tel que le don de sa médaille de Nobel à Goebbels, responsable de la communication hitlérienne. Le pays lave actuellement son linge sale, et un centre dédié à l'auteur ouvrira prochainement, accompagné d'un musée, qui fut inauguré hier.