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Burqua. Ma liberté? Ma prison?

Par Sarah Oling

Burqua. Ma liberté? Ma prison?

J’ai vingt ans et je vis parmi vous, mais vous ne me voyez pas… Mon propre horizon est si limité que je perçois avec peine les contours de vos visages. Mais j’ai appris à décrypter, du plus infime des signes au rejet le plus absolu. Je vous sais interpelés, préoccupés, indignés ou même en absolu déni de ce que je représente. Je vous comprends, oui, je vous comprends… Parfois.

J’ai vingt ans et je ne sais pas la caresse du soleil sur ma peau, je n’en éprouve que sa violente morsure et la pesanteur moite qu’il me procure. J’ai vingt ans et vous l’ignorez. Comment pourriez-vous le savoir d’ailleurs ? Le monde où je vis me barricade si puissamment que je voudrais crier  pour que vos yeux cessent de se détourner de cette informe forme derrière laquelle je respire pourtant. À peine. Si près de vous qu’il  suffirait de presque rien, juste un pas, pour nos mains s’effleurent. Nos mains… La mienne, recouverte de noir, est belle, elle est artiste, elle veut créer, caresser, peindre en couleurs étincelantes l’au-delà de ma grille, l’arracher même.

Je ne m’en donne pas le droit. Je suis figée dans la pierre. C’est ainsi que la tradition l’a voulu. C’est ainsi que je dois en être l’une des enfants sages. Et reconnaissante. De ne pas être brûlée par les regards. Ceux des hommes menteurs. Qui veulent asservir mes vingt ans. Je dois être sage et soumise. Ce que vous nommez « ma prison de toile » est ce que j’ai de plus précieux, la liberté d’être et de me mouvoir en dehors des quatre murs de ma maison.

Mais ce que je vous murmure aujourd’hui, à vous qui ne m’entendez pas, je pourrais vous hurlez l’exact contraire quelques instants plus tard. Comment se dire libre recouverte d’un linceul ? Comment être sage et obéissante alors que le monde bruisse de mille parfums que je peux percevoir derrière la grille que je me suis moi-même imposée ? Que signifient mes vingt ans sans gloire ni avenir, coupés ainsi de tout ce qui fait sens ?

Suis-je en liberté intérieure ? En exil de moi-même ? Y a-t-il une vérité absolue ? Un réponse définitive ?


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LES COMMENTAIRES (1)

Par Totore
posté le 07 février à 17:13
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"les hommes menteurs" apprécieront... Après, on se singularise avec ce qu'on peut...

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