Les harkis se sentent exclus et en butte à un Etat qui les ignore. Certains vous diront : « nous réclamons ce qui nous est dû, ni plus ni moins ».
47 ans après les manifestations, les grèves de la faim, les structures associatives… dans l’espoir d’obtenir pour certains la Légion d’Honneur, une pension militaire ou civile pour les blessés au combat dans les rangs de l’armée française, et pour ceux et celles qui ont tout abandonné en 1962. Nous souhaitons qu’ils soient enfin indemnisés convenablement de leurs biens spoliés en Algérie.
Le cas de certains harkis demeure exemplaire, du douloureux et parfois inextricable désarroi dans lequel s’enlisent les harkis. Des harkis qui réclament ce qu’on leur a promis : leurs droits ! Mais l’Etat malgré la fausse volonté aurait plutôt tendance, si l’on en croit les témoignages, à faire la sourde oreille. A tel point que des enfants de harkis, aujourd’hui, campent devant l’Assemblée Nationale pour faire entendre leurs mécontentements. Enfin, essayer.
Il faut savoir que dans le passé, l’administration voulait régler les problèmes d’indemnisation, d’allocations en jouant la carte du droit coutumier. C’est à dire qu’elle invitait les harkis, qui ne savaient pas lire et écrire le français, à discuter en tête-à-tête. Aujourd’hui, les enfants de harkis entendent fissurer le mur du silence pour que le pays des droits de l’homme accorde la dignité à des citoyens qui ont fait le choix de l’intégration.
En 1962, beaucoup de familles de harkis débarquent sur le sol de France. Sans rien. En situation d’urgence « là-bas », ils ont tout abandonné : bien et argent, et parfois preuves.
Les gouvernements successifs vont prendre diverses mesures d’indemnisation, sauf pour ceux qui ne pourront faire la preuve de leurs biens et propriétés.
Confronté à une situation particulièrement confuse, le législateur a institué une loi, en date de juillet 1987 qui prévoyait une allocation forfaitaire versable en trois ans. A l’exception de ceux qui s’étaient engagés dans l’armée française et représentaient pourtant près de 35% des rapatriés. A l’époque, certaines associations, comme 2ID-Harkis du Loiret présidée par M. Said Balah, UNTFMONAA ( Union Nationale des Travailleurs Français Musulmans d’Origine Nord-Africaine et leurs Amis ) présidée par M. Mohamed Benkouda, ancien officier des Sapeurs Pompiers de Draguignan…se sont élevées contre le distinguo établi entre allocations forfaitaires et indemnisations. Il ne s’agissait ni plus ni moins que d’une discrimination, car les conditions d’attribution étaient très limitatives.
Au-delà des contestations de principe, aujourd’hui, en refusant le complexe de paranoïa, on peut dire que la communauté harkie est victime d’ostracisme. On peut considérer que les harkis sont jugés comme des adversaires alors qu’ils se présentent comme des partenaires. Comment expliquer qu’il faille des mois pour obtenir des circulaires, droit élémentaire de tout citoyen ?
En fait, peut-on croire que les décideurs se sont installés dans un confort : le confort procuré par nos parents qui ont fait silence pendant des années. Alors, aujourd’hui, on cherche à évacuer le problème en faisant comme avant. Comme si de rien n’était.
Aujourd’hui, ça ne marche plus, les harkis veulent des réponses à leurs questions. Et par exemple : où est passé l’argent, où se sont diluées les économies réalisées sur le dos des harkis pendant des années ?
La France a demandé aux harkis de s’intégrer. Aujourd’hui c’est fait. On leur a promis des indemnisations. Aujourd’hui certains font semblant de s’étonner de cette démarche. Comme au début de cet article, les harkis réclament ce qui leurs est dû. « Pas plus, pas moins ».