Je disais hier : “Un bel anniversaire qu’on devrait ériger en Fête Nationale à la place du 14 juillet: celui de l’abolition des privilèges lors de la nuit du 4 Août 1789, toujours plus d’actualité”. On pourrait penser à une boutade de circonstance et pourtant je trouve le contraste entre ces deux journée profondément symbolique.
Le 14 juillet, c’est une explosion de colère, l’émeute qui attaque et détruit un des symboles de la monarchie absolue, une monarchie qui, contrairement à d’autres n’a pas su ni voulu se démocratiser, réservant les privilèges et les fromages à la petite cour, courtisane et affairiste des proches et amis du monarque. C’est l’irruption violente du peuple qui s’arme parce que ne voyant que la violence pour espérer changer les choses.
Le 4 Août, ce sont des représentants de la noblesse qui, face à la pression des masses en colère, proposent, au départ, rejoints par le reste de la représentation populaire, la suppression des 4 principaux privilèges de la noblesse: “l’égalité devant l’impôt, l’accessibilité des charges à tous les citoyens, le rachat des droits féodaux et la suppression des corvées, mainmortes”. Voir le récit de cet accouchement difficile dans Le Monde.
Cette mise à plat ouvrant, hélas, la porte à l’épanouissement d’une nouvelle classe de privilèges, ceux de l’argent. Sur ce thème, voir la tribune de T. Piketty et celle de P. Savidan.
Retenons que, le 14 Juillet, on fête une explosion, certes légitime, de violence, alors que le 4 Août des élus radicaux, fidèles à leurs valeurs, tirent les leçons des évènements et légifèrent démocratiquement.
Faudra-t-il qu’en France, toujours, l’émeute précède la suppression des privilèges les plus éhontés ?
- “Salut les boulettes”. Libération.
- Repéré chez B. Estampe , les principaux points de la réforme des collectivités locales.