Un excellent papier de Christian Benoit-Lapointe et quelques lectures m’ont donné l’inspiration pour ce billet. Cela fait longtemps que je prône l’indépendance d’esprit dans la gestion de portefeuilles. Étant moi-même conseiller indépendant depuis 1997, je suis mon propre patron! Comprenons-nous bien, je ne suis pas un petit alchimiste confiné dans son labo! Je suis indépendant, mais RATTACHÉ à de grandes organisations comme Manuvie, Promutuel, RBC, CIBC, Standard Life, Placements CI, Fidelity…etc.
Mais qu’est-ce que j’ai contre les conseillers-employés des grandes institutions? Simple, le conflit d’intérêts ça me pue au nez! Je ne crois pas qu’on puisse jouer franc-jeu avec ses clients, si un boss nous siffle constamment dans les oreilles! Il y a des quotas de vente à respecter, des chiffres à atteindre, un nombre minimum de rencontres par semaine et le lavage de cerveau qui fait qu’une firme de courtage n’a plus rien à envier aux Raéliens.
J’ai vu des dizaines d’employés de boîtes réputées en courtage de valeurs mobilières se faire sacrer dehors parce qu’ils ont eu un ou deux trimestres de baisse dans leurs chiffres de vente! Vous avez bien lu… ils doivent s’afficher comme conseillers ou planificateurs, mais… ils ont des planchers de vente à maintenir. On exige de la rotation dans les portefeuilles même si sur les parquets… c’est la tempête du siècle!
Alors, il doit toujours avoir des nouveaux produits et stratégies «fantastiques» pour remplacer la précédente (qui manque de chance, ne fonctionne plus). Comment un conseiller employé peut être intègre et 100% honnête s’il sait que chez le compétiteur, un produit est plus approprié ou plus avantageux fiscalement pour son client? Pour conserver son emploi, ce conseiller est obligé de le servir et de lui VENDRE une solution de deuxième ou troisième ordre.
Vous allez me répondre que c’est comme dans le commerce de piscine ou d’électronique et c’est ça la vie! NON, ce n’est pas pareil. La majorité des gens sont peu connaisseurs dans la finance et nous confient souvent une partie de leur avenir et carrément leur retraite. Le choix de produit et de stratégie influenceront leur sécurité matérielle et à la limite, leur santé!
Aux États-Unis, on se réveille du cauchemar américain. Les grandes firmes ont dilapidé la richesse de dizaines de millions de personnes par des directives marketing et de savantes stratégies hasardeuses qui ne visaient qu’à grossir les commissions et bonis des cadres des grandes banques. En dessous, les conseillers n’ont répété que les paroles de leurs supérieurs et montré de beaux graphiques qui faisaient miroiter de la croissance infinie. Ça suffit, on ne croit plus les vendeurs de souliers des grosses boîtes. Ainsi, 108 milliards ont changé de places et sont venus grossir les actifs d’organisations de conseillers indépendants, mais supervisés par la SEC. Les trois plus volumineuses administrent tout de même 500 milliards de dollars.
Selon le Wall Street Journal, le public tente maintenant de réparer les dégâts causés par l’exubérance et les abus qu’ont causés les grands cabinets. Plus d’objectivité et de transparence, voilà ce que les clients souhaitent. C’est un minimum!
LES 5 CRITÈRES D’OBJECTIVITÉ
Votre conseiller bancaire se dit honnête et 100% intègre? Exigez qu’il garnisse votre portefeuille de FCP ou de valeurs mobilières sans AUCUN lien avec sa firme. Ni directement, ni indirectement. Au cas où vous ne le sauriez pas, lors de l’émission première d’un titre, un preneur doit promettre une vente minimale dans son réseau. La commande finit donc par se rendre au client, sous forme d’une «magnifique occasion à ne pas rater»!
Pour éviter de vous en faire passer des p’tites vites, voici selon moi, les gages d’une plus grande objectivité dans les conseils financiers. En surveillant de près ces 5 catégories de risque, vous vous assurez d’un maximum de contrôle sur vos affaires.
- La distribution de produits
- La répartition et la diversification
- La fiscalité
- La gestion professionnelle
- La supervision par des conseils indépendants
1-Cela commence par un tri parmi les firmes distributrices de produits financiers. Les distributeurs et fiduciaires doivent avoir une cote de crédit supérieure synonyme de solidité financière. Peu d’institutions reçoivent des cotes AM Best, Standard and Poors et Moody’s. Losqu’elles en ont, il faut retenir les mieux évaluées. C’est exactement comme nous, lorsqu’on demande un prêt. Ils exigent notre cote de crédit, faite de même!
2-La répartition entre les sociétés de distributions, de styles de gestion et de classe d’actifs (Actions, Obligations, liquidité…). RBC, Sunlife, Fidelity, CIBC, TD, Industrielle-Alliance, Manuvie, AIM, BMO… Retenez les grandes marques dans vos portefeuilles en privilégiant leur spécialité. Attention à l’éparpillement!
3-La fiscalité étant un risque en soi, il ne faut pas payer plus d’impôt qu’on ne le doit. Une attention méticuleuse doit être apportée à la catégorie de revenu que vos placements engendreront. Même en étant très prudent, il faut chercher des solutions pour diminuer son fardeau fiscal de revenus de placement. À ce chapitre, beaucoup d’institutions et de grands gestionnaires traînent de la patte. Ils affichent de beaux rendements bruts, mais dans nos poches, il y en a moins! On vit dans un monde NET, NET après tout. Net de frais et NET d’impôt devront être des critères importants à retenir.
4-Il est sympathique le courtier en valeurs mobilières de la banque. Il vend, il achète et met des options de ventes et d’achat et tentent pleins de belles combinaisons. Mais quel est son résultat moyen de la dernière décennie? Est-il en train de se pratiquer avec vos actifs? Pourquoi ESSAYER des trucs lorsque d’autres ont fait leurs preuves!
Des gestionnaires institutionnels, de caisses de retraites, de fortunes, de fondation et de fonds communs foisonnent dans l’industrie. Ce sont des spécialistes de leurs catégories, dont les rendements ont un historique démontré de plus de 10 ans. Certains ont la particularité de faire en moyenne mieux que leurs pairs avec moins de volatilité. Des données statistiques indépendantes des preuves vérifiées doivent vous être fournies. Le passé n’est pas garant de l’avenir, mais avec l’horrible passé qu’on vient de vivre… on peut voir plus clair et observer du savoir-faire!
5-La supervision, le rééquilibrage, les mises à jour et les transactions doivent être initiés par un conseiller indépendant. Il n’est ni employé des grandes institutions ci-haut mentionnées, ni encouragées à privilégier l’une au détriment d’une autre. Le conseiller indépendant est un professionnel inscrit auprès de L’Autorité des Marchés Financiers, au dossier sans tâche. Son privilège de vous conseiller dans vos choix d’investissements est conditionnel au maintien d’une assurance responsabilité professionnelle en cas d’erreurs ou omissions. On ne lui fait JAMAIS de chèque directement, mais seulement aux firmes de distribution qu’il a retenue pour bâtir votre portefeuille