Sur la platine: le dernier Yves Desrosiers
Yves Desrosiers est de retour... Sorte de Romanichel des sons, celui qui a amené l'extraordinaire Vossotski dans la langue de Molière sort un second album de compos personnelles, les bien nommées Chansons indociles.
Il n'a pas la plus grande voix, mais son univers est particulier, très cinématographique, un peu comme un épisode de Carnivale. Si Star Académie c'est votre truc, vous allez haïr, ou ne rien comprendre. Mais si Marie-Jo Thério vous attire, que vous aimez Llhasa, bref que vous aimez les chansons singulières, avec des parfums de chemins poussiéreux, de paysages étranges, de climats lynchiens, plongez, plongez...
Il reste encore au Québec, n'en déplaise aux comptables de l'industrie culturelle (véritable rangée de coquerelles), il reste encore disais-je d'irréductibles artistes qui créent des choses tout à fait uniques, singulières. Des Jorane, des Karkwa, des Patrick Watson. Et puis Desrosiers, c'est toujours cet excellent réalisateur qui n'est pas du tout étranger au succès de Llhasa: capable de créer un monde hypnotique, halluciné, à l'aide de quelques notes. Écoutez moi la beauté de la mise en sons de Ma ruelle; la cavalcade trépidante de Maria; l'ambiance foraine couleurs sépia sombre de Circus.
Et Robin Aubert (le cinéaste/acteur, qui signe la plupart des textes) crée des petites fictions qui lui ressemblent; images fortes, une façon un peu sèche de jeter les mots sur les notes, des textes colorés, un peu théâtraux, des fables peuplés d'êtres étranges. Ses textes nous sortent des giclées de bons sentiments de la pop d'aujourd'hui; la pornographie sentimentale du hit-parade.
Excellent produit d'Audiogram (un autre).