On a tous été surpris. Normalement, la crise aurait dû amputer d’avantage l’ISF pour 2009. Même si d’une année sur l’autre, le nombre de contribuables assujettis à l’ISF diminue de 9 000 personnes, passant de 548 000 en 2008 à 539 000 en 2009, et que le produit de l’impôt baisse de 16 % pour s’établir à 3,130 millions d’euros, cela aurait pu être pire. Il est vrai que la crise n’a commencé réellement qu’à l’automne 2008, même si la bourse de Paris a perdu plus de 40 % de sa valeur l’année passée. En dépit donc d’un contexte moins favorable, il y a dans la lecture des chiffres communiqués par le ministère du Budget une excellente nouvelle pour toutes les jeunes entreprises et start-up qui chercheront des fonds à la rentrée. Sur les 539 000 contribuables assujettis à l’ISF en 2009, 102 000 ont bénéficié de réductions d’impôts pour 718 millions d’euros. Un contribuable sur cinq a donc choisi d’investir dans le capital d’une PME, d’un fond collectif ou encore dans le mécénat ou une fondation pour bénéficier d’une réduction d’impôt. Comme la réduction ne porte que sur une partie de l’impôt, le montant total levé est de 1 milliard d’euros : 520 millions d’euros par souscriptions directes au capital de PME et 440 millions d’euros via des holdings ou des fonds ISF. Avec ce qui n’a pas été investi par ces mêmes fonds ISF en 2008, on peut estimer que le montant à investir avant juin prochain est un peu supérieur à 1 milliard. Maintenant, il faut que ces financements soient mis rapidement à la disposition des jeunes entreprises et start-up. L’année passée, des critiques provenant notamment du monde politique avaient été formulées notamment à l’égard des fonds qui n’avaient pas investi suffisamment vite les sommes collectées par le biais de l’ISF. Cette année, cela ne devrait pas être le cas et plusieurs propositions de loi ont été faites en ce sens afin d’accélérer l’investissement des fonds. En revanche, on ne sait pas encore vers quels types d’entreprises se dirigeront ces investissements. Les fonds n’ont pas d’obligation à investir dans de très jeunes entreprises, mais dès le début de la reprise cela devrait changer. Investir dans de nouveaux challengers nés avec la crise plutôt que dans de vieux business modèles à consolider, c’est aussi la perspective de bien meilleures valorisations pour ces fonds. En clair, ces fonds ISF ne devraient pas financer la consolidation de vieux portefeuilles d’entreprises mais investir dans de nouveaux projets. Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas de belles PME technologiques à racheter ou à consolider, mais l’ampleur de la crise nécessitera d’autres types de financement pour véritablement renflouer ces « jeunes vielles » start-up.