"Le cinéma, c'est quelque chose de très précis et de très simple. C'est aussi simple qu'un moteur de Mobylette, que vous pouvez démonter et remonter vous-même. C'est aussi simple que le fonctionnement d'une caméra analogique. Ça sert d'abord à certifier le réel, à filmer comme on fait de l'ethnographie. C'est un système de validation qui produit des documentaires et des actualités sur le monde. Et le même système, le même outil rigoureusement, sert à filmer Lauren Bacall, pour produire le même effet de réel et le même rapport à l'image. Or à partir du moment où vous introduisez un calculateur dans la caméra, c'est fini, il n'y a plus cette certitude que ça a existé. On passe à l'ère numérique, c'est-à-dire à l'ère du soupçon. Sans compter qu'il y a eu parallèlement une perte de la valeur de l'écriture critique sur le cinéma, qui pour moi a toujours été indissociable de sa pratique. Tout cela, pour moi, c'est un peu comme une douleur qu'on n'arrive pas encore à identifier."
Un prophète, grand prix du jury au dernier festival de Cannes n'a toujours pas débarqué par chez nous (date encore estimée à quelque part avant Noël...), mais cela ne devrait pas empêcher d'apprécier la magnifique entrevue réalisée pour Le Monde par Jacques Mandelbaum avec Jacques Audiard, fils de son père mais dont on connaît désormais le prénom sur le bout des doigts.
Un réalisateur qui soigne ses films (Regarde les hommes tomber, Un héros très discret, Sur mes lèvres, De battre mon coeur s'est arrêté: 4 films et autant de classiques ) autant que ses réponses aux journalistes et que sa réflexion sur son art ? Des réponses qui ne mettront certainement pas tout le monde d'accord? Voilà qui ne se trouve habituellement pas sous les sabots d'un cheval.