DISCLAIMER : ce post est très technique, réservé aux utilisateurs de twitter.
Il est également fortement autoréférentiel, une grosse dose de @henrymichel behind the scenes. Passez votre chemin si vous voulez éviter l’égotrip.
La veille de mon 31e anniversaire, las de mon confort twitteristique, et du lent ensablement que me promettait mon âge de vieux gateux, j’ai commis un sepukku twitteristique, en supprimant mon compte, pour le réouvrir tout neuf.
Mais ce qui devait avoir l’allure d’un noble sabordage, et d’un nouveau challenge pour moi se transforma l’espace de quelques heures en Fail monumental, douloureux voire lolesque.
Quels phénomènes m’ont poussé à commettre cet acte autodestructeur ?
Quelles sont les différences entre 290 et 2900 followers ?
Vais-je réussir à reconquérir mon statut ?
Ceci est le récit de mon voyage au pays du petit twitter, une sorte de “rendez-vous en terre inconnue” sauf qu’à la fin, Zazie reste peut-être chez les pygmo’s.
Acte I : Crise Mystique
@henrymichel. Inscrit sur twitter en Mars 2007. 2900 following, 2900 followers.
Producteur de LOL. Marié à @alexhervaud.
Un statut confortable. Pas une méga star, mais connu quand même. Le chainon manquant entre @lincompetent et @siankowski.
Inventeur du hashtag #loltoshop, encore bien en vigueur aujourd’hui encore.
Sorte de G.O de twitter, mix entre baffie, patrick sebastien, et morandini.
Peu d’ennemis - jamais de tweetclash officiel. Ne répond pas aux insultes, les blogue parfois.
C’est sous cette identité que la veille de mon anniversaire, le 27 Juillet dernier, je voulus, sur un coup de tête, briser mes chaines et ne pas rentrer dans le club des 3000.
Aucune raison bien particulière, si ce n’est la volonté farouche de bousculer mes repères trop établis sur twitter et une lassitude latente. Après coup, je crois que j’ai attribué à mon nombre de following et followers ce qui n’était en réalité que la torpeur twitteristique estivale.
Je n’ai pas passé l’épreuve de l’été et des tentations, des coups de mous, des moments creux.
J’ai cru que ce qui arrivait, cette abrupte chute de qualité de mes twits et des twits des autres suivait le même schéma que certains twitteurs que j’avais adoré par le passé et n’étaient devenus que des machines à namedropping, entretenant une mythologie des stars du tweet en circuit clos.
Je ne voulais pas de ça, j’ai fait mon Zidane, et sous le coup de la bravade, ai annoncé que j’allais tout remettre à zéro. Un magnifique coup de tête dans la poitrine de Materrazzi. Le seul problème est que ma tête est resté coincée.
Acte II : l’accident
L’idée originale était de remettre à zéro les compteurs, rien de plus. Virer tous mes following et mes followers. Puis, petit à petit, resuivre, un par un , uniquement les gens que j’aimais lire. De même, séduire à nouveau les followers. Pas pour ce que je fus, les tubes de mon passé (”le top 10 des relous sur twitter“, les loltoshop, craypion), mais pour ce que je suis.
Mais l’interface de twitter n’est pas énormément pratique pour défollower les gens. A ce moment là il n’y avait pas de “unfollow all”. Et puis à part bloquer, je ne voyais pas de moyen de dire à quelqu’un de ne plus me follower. Le but étant de reséduire par la suite, je ne voulais pas non plus faire mon Dieudo juste pour vider ma friendlist.
J’eus donc une idée de génie : j’allais supprimer mon compte twitter, en un clic, puis, une minute plus tard, rejoiner. Personne n’aurait le réflexe de comprendre que mon compte avait été supprimé pour revenir joiner immédiatement sous mon pseudo, je devancerais l’éventuel squatteur, et le tour été joué.
Hors bug exceptionnel de twitter ne me permettant pas de joiner, j’étais en sécurité.
Et c’est malheureusement ce qui arriva. De 22H, à 2h du matin, heure de ma dernière tentative désespérée, un bug à deux bras de twitter créa une panique sans nom :
- Impossibilité de créer un nouveau compte.
- Impossibilité, pour tout nouveau compte créé, d’accepter les amis en request et de recevoir des followers.
Ce qui , dans les circonstances actuelles de mon opération, équivalait au pire contexte possible.
Epuisé, je me couchai, le pseudo @henrymichel perdu dans les limbes de twitter, ni disponible pour inscription, ni présent sur la timeline. Un fantôme.
Acte III : Spiderman Vs Venom
A mon réveil, @henrymichel était squatté. Il y avait tout : ma photo, un background humoristique, et quelques tweets autoréférentiels. Mon scrotum subit une chute de température de 20°. Dans la panique, je créai le pseudonyme @henrymichel2, puis réservai @fakehenrymichel. De mésaventures précédentes, je disposais également du pseudonyme @henrymichou.
Quelques heures plus tard, un @henrymichel3 apparut.
La situation devint terriblement sale. Trois @henrymichel prétendaient être le vrai. Comme dans ces séries télés ou le flic après une course poursuite finit dans une pièce avec plein de miroirs et shoote toujours sur le reflet du méchant.
Obligé d’éviter que ma friendlist rejoigne @henrymichel, je dus les réorienter vers @henrymichel2, entrainant bien sur à chacun de mes twits des démentis formels de @henrymichel et @henrymichel3. Je dus faire appel à Jean-René Craypion pour un communiqué, réorientant ma friendlist vers le compte 2. Mais c’était terrible et à double tranchant - d’une part cet épisode commençait à devenir agaçant pour tout le monde, mes friends ne sachant plus tellement qui suivre, et d’autre part, lorsque je récupèrerai @henrymichel, il me faudrait re-réorienter ma friendlist. Fail ultime.
“Mais comment peut-on faire pour se faire voler son propre pseudo ?” commentèrent certains. D’autres pensèrent à une machination de ma part pour alimenter cette saison estivale pauvre en aventures.
Les Moguls de ma friendlist, @vincentglad en tête, durent faire un énorme effort sur eux-même pour ne pas brandir un carton FAIL et se moquer comme il se doit de ma mésaventure. Leurs attaques furent discrètes et pleine de compassion, je les remercie. Les réflexes se perdent, car moi je n’aurais pas hésité.
Dans ma malchance, j’eus une chance : j’avais de gentils squatteurs. Ils furent même exemplaires, twittant des trucs assez drôle, entretenant de manière potache la confusion mais sans me mettre dans un terrible embarras. Au bout d’une longue journée de taquineries, on me rendit @henrymichel. Retour à la case départ.
Acte IV : Bienvenue chez les moins de 100 followers.
@Henrymichel repart donc, dans un monde ou personne ne vous suit, et vous ne suivez personne.
J’ai rentré en priorité mon top 100 personnel. Puis toute la galaxie qui l’entourait, à condition que je me souvienne de tête du pseudo du twitter en question. Puis, de twit en twit, profitant des mentions, je resuis petit à petit les personnes que j’aimais suivre dans les temps anciens de ma superbe.
Tel un scientifique en expédition au nouveau monde, je puis témoigner de mes découvertes récentes liées à mon changement de statut :
- Lorsque vous twittez “cacaprout”,à 2900 followers on vous RT , à 290 on vous unfollowe.
Votre puissance de followers ajoute une gravité et une certaine envolée au moindre de vos twits. Chaque twit est un readymade.
Parce qu’il est lu potentiellement par 3000 personnes, il prend du sens. A 290 followers, y’a déjà un peu moins l’ambiance. C’est comme casser une guitare à un karaoke. Il y a malgré les apparences une obligation de qualité plus forte à 290 followers qu’à 2900, et ça, ça a été la grande surprise pour moi.
- Quand VOUS followez 2900 pax, c’est là que twitter est vraiment marrant.
On me disait sans cesse “tu ne suivras pas 2900 personnes, ce n’est pas possible, tu ne tiendras pas le coup”. Pourtant, depuis que je suis revenu à 300 “following”, j’ai l’impression que twitter marche au ralenti. Les refresh sont désespérantes. Si c’est pour avoir 10 nouveaux twits toutes les 5 minutes, twitter ne sert à rien . N’ayez pas peur de follower BEAUCOUP de monde, ça passe comme une lettre à la poste, c’est le pied, ça fuse.
- Zut, ça en fait une différence sur twitpic.
Moi je vous le dit les amis, à 290 followers je ne suis pas prêt de relancer un loltoshop. La popularité du concept (qui commençait à prendre) venait de son impact et de la participation potache des twitteurs de tous horizons. Depuis mon new @henrymichel je suis passé sur les photos twitpiquées à un rapport 10->1. Cela ne vient pas seulement de ma friendlist, mais de la réduction des RT qui eux aussi engagent une augmentation géométrique.A titre de trafic, je pense que l’unité de mesure est le RT, pas le follower. “Un bon joueur ne reste jamais en Ligue 2″ - c’est valable pour vos twits et vos liens. Pour le loltoshop c’est un peu différent puisque c’est un appel à contributions.
Acte V : A la reconquête de son lectorat.
Oui, votre friendlist est un lectorat - volatile, parfois impitoyable, mais immédiatement disponible, généreux en feedback - il vous cite, vous valorise, vous juge et vous recommande.
Il s’agit en quelque sorte pour moi de séduire à nouveau la femme de ma vie, après avoir subi une faillite. Une sorte de Madoff du twit.
L’aura est moins forte, mais le potentiel est là. La main ne tremble pas. Il y a encore du monde dans le slip.
Mickey Rourke l’a fait. Travolta l’a fait. Je suis prêt.
Followez-moi sur http://www.twitter.com/henrymichel ,et please RT.