Magazine Culture
Jean Baudrillard signe ici un essai édifiant sur notre société d'abondance. Il montre combien l'objet ne tend plus à satisfaire un besoin mais à permettre à l'homme de se différencier ou de s'intégrer. Une voiture n'est pas seulement un moyen de transport, elle est une image de soi, de son statut, de sa richesse, de son gout, de son gaspillage permanent et du gout du risque, excité par n'importe quel moyen dans nos société ultra sécurisés (l'accident comme plus beau happening dans l'art contemporain est assez édifiant sur ce point). L'objet est aussi le lieu d'élaboration d'un discours, publicitaire et social, il porte des valeurs que l'on pourrait presque qualifier de morales. L'auteur s'interroge également sur le corps. Sur le culte de ce dernier comme objet de consommation, comme image fétichisée. Et sur la sexualité comme discours publicitaire. La question des loisirs est également évoquée comme contrainte du temps libre, comme espace d'accomplissement. Voilà qui fait écho à ma récente lecture des 30 glorieuses de Fourastié où se dernier s'inquiète du vide des loisirs, du coté panurge et social qu'ils peuvent avoir (ça me rassure un peu sur mes vacances foutues tout ça ;) ). Bref un essai très interessant, qui touche à la sociologie, à l'histoire, à l'économie et complète l'analyse des mythes de Barthes.