Le traité de Lisbonne instituant un Président et un ministre des affaires étrangères peut il résoudre le problème de l’Europe, c’est-à-dire son manque de maturité, sa dépendance aux USA ?
Ce que va donner la mesure en question est difficile à prévoir. Cela dépendra en grande partie de la personnalité des deux élus. Il peut y avoir conflit, l’un peut écraser l’autre, ou nous pouvons hériter d’hommes d’appareil sans envergure. En fait, il ne me semble pas que le problème de l’Europe soit autant une question d’institution que de volonté d’indépendance et de techniques. Prenons deux exemples :
- La France est l’archétype de l’impuissance, comme l’a montré sa position lors du déclenchement de la guerre d’Irak. Pourquoi ? Parce que ses paroles ne sont pas suivies d’effets, parce qu’elle n’est pas prête à affronter les conséquences de ses gesticulations. La question qui se pose à l’Europe est ici : comment ne pas ressembler à la France ?
- L’Allemagne, par contre, est écoutée. Or, paradoxalement, contrairement à la France, elle a un régime politique très instable, qui force à coalitions et compromis permanents. Son système parlementaire ressemble d’ailleurs beaucoup à celui de l’UE. Comment s’en tire-t-elle ? Son mécanisme de décision est lent, mais il a l’avantage de produire à la fois une décision et le plan qui permet de la mettre en œuvre. De ce fait, contrairement à la France, l’Allemagne tient sa parole.