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Train d'enfer

Par Anne Onyme

traindenferTrevor Ferguson
Pleine lune
300 pages

Résumé:

1964. Aux confins de la taïga, des ouvriers construisent le chemin de fer du Grand-Lac-des-Esclaves dans les Territoires du Nord-Ouest. C'est une véritable ruée vers l'or. Et l'occasion de s'en mettre plein les poches, pour quelques-uns. Sortis des asiles ou des prisons, coupés de la civilisation, ces esclaves de l'ère moderne peinent et suent sous la férule d'un contremaître véreux que Martin Bishop, le jeune contrôleur, osera défier au péril de sa vie quand sonnera l'heure de vérité.

Mon commentaire:

J'ai eu envie de lire ce roman puisque le film paraîtra bientôt et il me semble prometteur. La photographie y semble d'ailleurs magnifique.

Train d'enfer est un roman dont la construction, lente, est dépourvu d'une certaine ponctuation en ce qui concerne les dialogues ou les virgules. On lit donc les phrases en un souffle et j'y vois un parallèle avec le sujet du livre. Ferguson nous parle de la taïga et d'un monde d'hommes au Grand-Lac-des-Esclaves. Il sait de quoi il parle, puisqu'il l'a vécu, de l'âge de 16 à 22 ans. Il a travaillé à la construction d'un chemin de fer plus ou moins au même endroit. Les camps de travail du chemin de fer, la promiscuité des hommes, l'impitoyable nature, il l'a vécu.

Le roman Train d'enfer fait vivre toute la violence des hommes. Martin Bishop y arrive en tant que contrôleur, avec des valeurs, des idéaux sur la vie et des principes. Il y fait office d'une âme pure qui sera souillée par la noirceur des hommes. Car ce roman est une vraie descente aux enfers. Cru et violent. Les personnages sont coupés de toute civilisation, ils vivent en marge de toutes les lois. Dans la taïga, il n'y a pas de policiers. Il n'y a personne pour surveiller le comportement de ces hommes, pour la plupart rejets de la société, issus des prisons ou d'asiles. Ils forment toutefois un petit groupe de travailleurs qui peut devenir impitoyable s'ils mettent quelqu'un à l'écart du groupe. Le contremaître fait la loi, sa propre loi, selon ses principes douteux. Martin Bishop fera tout pour tenter de lui tenir tête, malgré son très jeune âge. Mais son âme et ses idéaux seront éclaboussés par le sang et sa vie, maintes fois mise en jeu.

Train d'enfer est un roman déroutant, sur la noirceur de l'âme humaine. C'est un roman brut, à l'image du paysage dans lequel il nous amène. Sa lecture donne un peu le vertige tout en accaparant toute notre attention. L'homme n'y est pas représenté sous son plus beau jour. Son âme est grise, terne, habituée à la violence et au crime. Train d'enfer ne laisse certes pas indifférent, car il remue ce qu'il y a de plus sombre dans l'âme humaine. Un roman très noir, qui m'a pourtant beaucoup plu! Je découvrirai assurément d'autres romans de Ferguson prochainement.

À noter que l'auteur écrit aussi des romans policiers (excellents!) sous la plume de John Farrow. J'avais beaucoup aimé ma lecture de La ville de glace et de Le lac de glace. À découvrir.

Quelques extraits:

"Mon papa m'a toujours enseigné qu'il fallait être qui on est. C'est la chose la plus difficile pour laquelle on doit se battre, et le seul combat qui vaille la peine d'être gagné." p.78

"Voilà pourquoi je mène la vie que je mène dans un endroit comme celui-ci. Je vis dans un endroit où les banques et les bons à rien d'avocats ne sont pas légion et où un homme peut sans risque prophétiser sa propre vérité et où n'existe aucune société organisée pour décréter qu'il a tort ou même pour lui dire de rester tranquille et lui conseiller de ne se préoccuper que de sa propre frileuse paix. Je n'ai pas à me soucier de ma paix dans ce pays et j'en suis immensément reconnaissant." p.80

"Je me suis rendu compte que ton pire ennemi ce n'est pas le gardien. En prison ton ennemi c'est le bonhomme à côté de toi. Est-ce que tu crois ça, petit? Est-ce que tu sais que ton pire ennemi te regarde sans doute en pleine face?" p.163

"Ils m'appellent le contrôleur et disent que c'est moi qui consigne le temps. Sais-tu comment je compte le temps maintenant? Je compte les tombes que je creuse." p.205

En complément:

Le film, L'heure de vérité, réalisé par Louis Bélanger sort sur nos écrans sous peu. Vous pouvez visionner la bande annonce sur le site officiel.


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