- "Maman ?"
Ah... C'est bien un garçon qui cherche sa mère, visiblement. On le voit chercher du regard, au loin... plus près... Mais, le dit garçon est un homme de 30-35 ans... et un panda en peluche sur l'épaule... et un gros point d'interrogation sur son tee-shirt. MissB et moi avons un moment d'hésitation : est-ce que cet homme est en train de faire une plaisanterie ou est-ce un Tanguy en puissance toujours collé à sa mère, à son âge ?
Ah... N'oublions que nous sommes en plein festival d'Avignon...
Et là, mon regard croise celui de l'homme au panda.
- "Maman... C'est toi ?... Mais où tu étais ? Je suis content de te retrouver !"
Et voilà que ce grand garçon (fort charmant, au passage) me prend dans ses bras... Non, ce n'est pas vrai, toute la terrasse du café n'est pas en train de nous regarder....
- "Euh... moi aussi, mon fils, je suis contente de te retrouver !
- - Mais maman, pourquoi tu m'as abandonné à Montluçon ? [rien que le nom, ça fait rêver !]
- - Ah, tu es celui que j'ai abandonné à Montluçon !...
- - Oui, Montluçon, la capitule du pneu et du glamour.... [ oh oui, je rêve encore plus, là !]
-
- Mmmh, ça donne envie d'y retourner !
- - Oui, maman, ça fait 35 ans que je te cherche !
- - Zut, je n'ai que 33 ans...
- - Mais, maman, tu as rajeuni, c'est pour ça ! [Des compliments, oui, encore !]
- - Et toi, tu as vieilli, mon fils !" [ Damned, j'aurais dû lui faire l'accent pied noir juif, puisque j'y étais !]
- - Tu sais, maman, je t'ai cherchée pendant tant de temps... que j'en ai écrit un spectacle.... parce que j'ai appris à lire et à écrire, à la DDASS... Et puis, tu sais, comme tu m'as abandonné j'ai beaucoup de problèmes avec les femmes... Il faut venir me voir maman...
- - Oui, mais tu sais, j'ai un autre enfant que je n'ai abandonné, et je ne vais pas pouvoir rentrer tard pour la récupérer...
- - Tiens, je te donne une invitation pour toi, ce soir, maman... Tu t'appelles comment, déjà, maman ?... MC... Oui... Et tata ? MissB... Ben, on fera un super prix à Tata... Je vous attends ce soir, hein..."
Ce court échange fait partie des raisons pour lesquelles j'aime le Festival d'Avignon. Il y règne une ambiance particulière, conviviale et agréable. Des troupes de comédiens, plus ou moins déguisés, plus ou moins discrets, déambulent toute la journée en ville pour distribuer des prospectus et donner envie aux gens de venir les voir. Ils interpellent les gens, s'amusent, conseillent d'aller voir les spectacles des autres troupes (à condition qu'elles ne soient pas aux mêmes heures...)
La ville elle-même est transfigurée : il y a des affiches pour promouvoir les spectacles absolument partout et dans des endroits inaccessibles et/ou inimaginables... La moindre salle est aménagée en théatre... Il y a des danseurs, des musiciens, des acrobates, des portraitistes un peu partout.... et un mouvement perpétuel de gens qui vont, qui viennent dans une ambiance bon enfant. J'aime ce mélange de personnes, de genres, des nationalités, d'ambiance...
Bref... le festival d'Avignon, c'est trop gnon !
(Oui, bon, d'accord, si je devais songer à changer de métier, j'évite la pub, je sais...)