Structure cristalline, la dent est sur bien des plans le témoin privilégié du passé, qu'il s'agisse du passé de l'espèce ou de notre passé d'individu.
Vestige du corps qui peut se conserver des milliers d’années, la dent est une mine de renseignements en anthropologie et aussi en ondontologie légale et même dans le domaine de la connaissance de soi.
La dent, témoin du passé
Évaluation d’une population
Les dents retrouvées sur des sites archéologiques permettent d’estimer le nombre d’individus présents dans une sépulture ainsi que l’âge de leur décès.
Mode de vie
Les stries microscopiques laissées à la surface de l’émail par l’usure permettent de connaître le mode alimentaire (par exemple, le mode carnivore laisse moins de stries que l’alimentation végétarienne). Certaines marques ou traces d’usure liées à des habitudes ou à l’emploi des dents comme outils permettent de connaître les traditions culturelles d’une population. On a ainsi découvert que les néanderthaliens employaient déjà des cure-dents au paléolithique.
Stress
L’étude des défauts de l’émail ou hypoplasies est un bon marqueur du niveau de stress d’une population. On a ainsi montré que les hommes préhistoriques ressentaient moins le stress que les Inuits modernes.
Note : en décodage dentaire, une hypoplasie témoigne d'un stress vécu à une période précise de l'enfance (lire à ce sujet le Dictionnaire du langage de vos dents, rubrique Émail altéré).
Coutumes et croyances
Les traces de mutilations volontaires (limage, incrustations, extractions) retrouvées chez certaines populations (Mayas de la méso-Amérique en particulier) témoignent de leurs croyances, coutumes et rapport au sacré, et montrent que la notion de langage dentaire symbolique était déjà présente chez ces populations (pour plus de développements lire Les dents temple de l’âme).
Hominisation
L’évolution de la forme des dents au cours des âges permet de mieux comprendre le processus d’hominisation. Forme et implantation des dents changent à mesure que l’homme se redresse (lire à ce sujet Les dents temple de l’âme).
Évolution de l’espèce
Les fossiles montrent que les anomalies de nombre (dents en plus ou en moins) ne sont pas propres à l’homme moderne mais existent depuis des milliers d’années. L’existence d’agénésies (non formation de dents) aux temps préhistoriques invalide la théorie du rétrécissement génétique des mâchoires développée par les orthodontistes pour justifier les extractions de dents saines, prémolaires et dents de sagesse en particulier.
Études génétiques
La dent fossile résiste mieux que l’os aux variations climatiques. Source d’ADN ancien, elle permet de reconstituer des lignées de populations, de connaître la prévalence de maladies génétiques dans le passé et de déterminer sans ambiguïté le sexe d’un individu.
Odontologie légale
L'odontologie légale recourt à l'analyse génétique pour identifier le sexe d'un individu à partir de sa denture. Celle-ci reste souvent l'unique moyen de procéder à une identification post mortem.
Pour cette raison, à la rentrée prochaine, dans le cadre d'un nouveau master*, la faculté de chirurgie-dentaire de Nancy entend former des experts criminels, capables, entre autres, de travailler à partir des indices dentaires présents sur une scène de crime.
* Diplôme Universitaire d'Identification en odontologie médico-légale
Analyse de personnalité
Témoins de notre vécu à travers leurs atteintes et leur implantation, les dents permettent de remonter le fil de notre histoire et de retrouver la trace d'émotions enfouies et de croyances engrammées durant l'enfance, la petite enfance et même la période de vie intra-utérine et ceci grâce au diagnostic psychodentaire à partir de l'analyse d'une radio panoramique dentaire.
Témoin de notre passé d'individu, la dent est ainsi un véritable outil de connaissance de soi.