Des manifestants iraniens arrêtés lors des mouvements de protestation contre l'élection manifestement truquée du président Ahmadinedjad ont été traduits devant la justice islamique à Téhéran. Il s'est trouvé des accusés pour reconnaître publiquement qu'il n'y pas eu de tricherie lors du vote et qu'ils s'étaient trompés en soutenant un autre candidat que le président déclaré élu. C'est pitoyable. Pas tant pour les pauvres victimes d'un régime brutal qui a tué et blessé mais pour les juges et la presse iranienne aussi flamboyants que les juges et la presse qui rendait compte des procès de Moscou.
On sait ce que valent les aveux, les reconnaissances d'erreurs, les autoflagellations obtenus par la torture, la contrainte, le chantage, les menaces sur les familles. Il n'y a que dans des tyrannies qu'une justice peut fonctionner ainsi. Il n'y a que dans des états où religion et pouvoir sont mêlés qu'une telle persécution est possible. La constitution iranienne s'appuie sur le Coran et sur les lois qui en découlent. Il se trouvera toujours un ayatollah plus puissant qu'un autre pour donner sa lecture du texte originel et justifier tous les abus portant atteinte aux libertés fondamentales : droit de penser différemment, presse libre, liberté des femmes, suffrage universel secret et régulier…
Les réformateurs iraniens ont eu le tort de clamer haut et fort qu'un pouvoir sourd, aveugle, auteur d'erreur sur erreur au plan économique, faute sur faute au plan diplomatique méritait d'être chassé. Rien ne prouve que Mir Hossein Moussavi (notre photo) ferait mieux mais on sait qu'il ne pourrait pas faire pire. Moussavi a dénoncé des « irrégularités visibles et nombreuses » et déclaré qu'il ne se « plierait pas à cette mise en scène dangereuse ».
Les démocraties occidentales ont de nombreux défauts mais tant qu'il existera une presse indépendante et libre et une constitution séculière avec séparation des pouvoirs, on peut être à peu près certain de penser et d'agir dans un pays libre. Ce qui donne toute sa force au mot citoyen.