Clémence, avocate, vient de quitter son cabinet pour se lancer à son compte. Pour signer son bail de location et pour éloigner ses amants auprès desquels elle évite de s’engager, elle a besoin d’un mari. Quand Farid, le livreur de piano, arrive chez elle, elle l’embarque malgré lui dans un tissu de mensonges.
Ce n’est pas donné à tout le monde d’avoir fait de la figuration dans le plus mauvais film de l’année. C’est d’ailleurs la seule raison qui m’a poussée à le voir (heureusement grâce au DVD de « presse» , ouf) dont la bande-annonce affligeante avait confirmé mes pires craintes.
Jean-François Davy, autrefois réalisateur de films « pour adultes» , sait peut-être faire des téléfilms comme on en faisait il y a 20 ans, sans se préoccuper de l’image (d’une laideur sans nom), du son (une scène en particulier, post-synchronisée, choquera même les non-connaisseurs tellement le mixage est fait n’importe comment), et sans se rendre compte que ses incrustations sont dignes de M. Toutlemonde découvrant Paint sous Windows 95.
Je passe sur le scénario, qui, s’il ne vole pas haut, n’est pas forcément pire que la production télévisuelle moyenne. Mais les dialogues sont d’une médiocrité telle qu’on a parfois les oreilles qui bourdonnent.
Côté décors, on fait comme quand on tournait des films entre copains quand on avait 14 ans : on se contente de filmer dans la rue ou chez soi, et on découpe des magazines pour décorer les murs des chambres.
Pourtant, Hélène de Fougerolles et Zinedine Soualem sont deux acteurs pour lesquels j’ai une certaine affection ; tous deux remarqués chez Klapisch, ils n’ont cependant jamais vraiment décollé. En particulier Hélène de Fougerolles, espoir du cinéma il y a 15 ans, et qui n’a malheureusement pas cessé de faire des choix hasardeux et peu inspirés, ou des choix plus solides mais qui n’ont pas remporté le succès escompté (Innocence, de Lucile Hadzihalilovic, ou même Mortel Transfert de Jean-Jacques Beineix).
On a un peu de mal à comprendre ce qui a pu les motiver à signer pour un projet pareil, car même sur le papier, ça sent mauvais, surtout en ce qui concerne les poncifs et lieux communs sur l’intolérance, tellement grossièrement appuyés qu’ils en deviennent presque douteux…
A côté d’eux, on a aussi Mylène Demongeot, et Michel Duchaussoy, qui a l’air mortifié du début à la fin et ne fait presque aucun effort pour jouer convenablement.
En bref, si le fond de l’histoire est déjà pitoyable (quiproquos éculés, humour vaseux, moments d’émotion pathétiques), il n’y a rien ici de foncièrement beaucoup plus mauvais que certaines productions françaises.
En revanche, pour ce qui est de la technique, le manque de professionnalisme est tel qu’on ouvre de grands yeux ronds.
Le film a, soi-disant, coûté 4 millions d’euros… Quand on voit la promotion indécente qui a été faite autour du projet, on se dit que 90% de ce budget ont dû partir dans ces frais publicitaires, ne laissant qu’un minimum vital pour la production elle-même. Mais une promotion de masse ne rattrapera jamais la médiocrité du travail de départ…
En tout cas, on frise l’amateurisme de si près que la sortie en salles est presque scandaleuse.