Comme convenu, bien que cela fut convenu entre moi et moi-seul et en espérant que le contenu ne le soit pas, convenu; donc, comme « convenu » je vais me livrer ici à cet exercice un peu particulier d'une exégèse de mes propres paroles, paroles contenues dans un entretien publié dans le livre La Musique europaïenne il y a quelques années de cela.
Cette mise au point, certes, me regarde personnellement mais, les regards de certains semblant aimer à se pencher sur le mien et puisque, d'une certaine façon j'ai d'ores et déjà rendu publiques les visions qui incendient ma conscience, je délivre cette note comme les autres, pour ce qu'elle est, un abîme flou de pensées follement enflammées, et ce qu'elle vaut ... c'est-à-dire à peu près rien : le prix que coûte un abîme.
Mise au point qui concerne la partie « politique » de cet entretien. Partie qu'à l'époque je n'avais pas souhaité développer outre mesure. Ceci pour deux raisons, à ce qu'il m'en semble. Tout d'abord ma pensée dans ce domaine avait encore besoin de se « clarifier », ce qui, chez moi signifie en fait s'opacifier, se complexifier, se diviser plusieurs fois avant de se refondre, bref ma pensée manquait encore de blessures, de cicatrices et de coups ! Ensuite, bien que plusieurs idées aient déjà à cette période accompli leur cheminement en moi, le processus d'ignition, dont le démarrage a engendré ce lieu du non-où, n'avait pas réellement, charnellement débuté, et aujourd'hui il s'avère que c'est précisément le travail enfin débuté sur la réalité de l'historio-ontologie de l'empire qui me renvoi à cet entretien, à ce qu'il signifie dans mon cheminement.
Venons en donc au principal.
Je suis, fondamentalement royaliste, c'est ce qui est affirmé dans l'entretien, c'est ce que certains engagement démontrent, je crois, ainsi que plusieurs textes dont celui que j'ai rédigé pour le livre collectif Etre Royaliste. Dans l'entretien initial j'avais fait très court, bref et sommaire. Dans la version corrigée publiée ci-dessous, j'ai ajouté ce qui me semble aller de soi ...
Car c'est bien dans le domaine du pouvoir temporel que je vois la monarchie comme la seule issue politique envisageable quelle que soit l'organisation des rapports humains sous-jacents. Seule issue envisageable dans le « cadre » de ce monde qui n'a d'autre fin (telos) que la division infinie, le monarchos est le seul vecteur réellement apte à maintenir l'idée d'une unité non-frelatée. Ainsi je puis dire que je suis plus monarchiste que royaliste. Monarchiste donc, mais non-maurassien. Bien qu'ayant beaucoup de respect pour Maurras, son oeuvre et sa démarche politique, je considère celle-ci comme trop strictement rationnelle, presque « scientifique ». Par cette pensée exclusivement rationnelle tout est défendable et tout peut être condamné. L'empirisme organisateur peut ainsi se ranger dans le même champ que le marxisme, non pas celui de la philosophie ou de la métaphysique, mais dans celui de la science physique. Je ne suis pas pour le réductionnisme rationaliste et scientiste.
Mais je ne crois pas au retour non plus. Je suis monarchiste car c'est également l'option minoritaire par excellence. Etant, par essence, réfractaire et solitaire, c'est là également le lieu le meilleur pour toute réfraction et toute unité. C'est, sans doute, ce qui fait que je ne suis ni patriote ni nationaliste ! Non pas que je n'aurais jamais pu l'être, en d'autres temps, d'autres lieux; quoique, je ne suis pas assez universaliste pour pouvoir l'être ... Mais, d'une part il n'y a plus pour moi de patrie ni de nation aujourd'hui, hic et nunc, d'autre part, il y eut toujours autre chose au-dessus de ces réalités d'un autre âge ... :
« Etre nationaliste est une pure sottise car c'est implanter les ressorts spirituels les plus profonds sur une simple circonstance physique. » José Antonio Primo de Rivera
Par ailleurs, ainsi que le rappelait Paul Gadenne : « Il a cru qu'on pouvait adorer l'Etat et être chrétien; adorer l'homme et rester humain. Impossible. »
José Antonio le rappelait également, le nationalisme « c'est l'individualisme des peuples », il s'agit bien d'une vénération de l'homme par l'homme.
Dès lors si je suis monarchiste c'est en m'approchant d'une vision qui dépasse le cadre de la nation, vision qui sépare le chrétien que je tente de devenir de toute tentation phylétiste comme de tout chiliasme.
Le royaume de Dieu n'est pas de ce monde, alors pourquoi l'Empire, pourquoi cette nostalgie d'Empire, de l'Empire byzantin, en outre, si décrié, si malmené, si corrompu (oui il le fut) ... ?
Il fut la moins pire des gangues offertes à l'humanité de masse, à l'humanité politique, pour se diriger vers un royaume inaccessible, vers ce royaume qui est déjà-là, après lequel toute idéologie politique, si éloignée, soit-elle de la foi christique, soupire, mais qui est toujours à-venir ...
L'Empire fut l'un des remèdes les moins douloureux, le moins abrupte pour tenter de lutter contre l'hujus princeps mundi : la division infinie ! Il essaya d'être le symbole-guérisseur le moins inapproprié de l'unité dans la diversité, de la symphonia. Il mît fin à cette adoration de l'homme par l'homme (masque et moyen efficient de la fausse unité que veut ce monde pour perpétuer la division par où s'insinue la mort). Mais il n'y a pas, il n'y eut pas, n'y aura pas d'empire chrétien ... idée, concept, même concrétisés, même matérialisés ne peuvent être baptisés seule le peut la personne à l'image et à la ressemblance capable de recevoir le don inouï de la liberté. Un empereur chrétien, oui, un empire chrétien ... impossible !
Bref, je suis royaliste pour ne pas être un adorateur de l'Etat, pour ne pas vénérer indument l'homme-nation, pour révéler la personne derrière le masque grimaçant de l'homme-foule. Monarchiste parce que réfractaire à jamais. Monarchiste parce que le monos, l'homme-seul derrière la fonction révèle la personne et s'oppose à l'homme-peuple anonyme. Monarchiste parce que solitaire et réfractaire toujours car les « grands principes » humains essaient éternellement de masquer les principes célestes, de le singer et des les diviser ... monanarchiste ! Royalibertaire !
Royaliste, sans roi, parce que le royaume qui est peut révéler le royaume qui déjà est-était-et-vient ...
Monarchiste parce que mon Dieu est Roi, Il n'est pas élu, mais lui fait des élus !