« Des pays et peuples étrangers », voila comment commence ce nouveau disque de Robert Schumann, pianiste musclé et parangon de la country music.
Un Allemand à Memphis ? Avant Dylan ? Oui ! Car quand meurt Waylon Jennings, c'est une jeune génération de folkeux qui marche en cortège funèbre sur les berges du Rhin, banjo contre le torse et fiddle sur l’épaule. Romantisme campagnard de pacotille ?
Ces Kinderszenen transcendent le blues d’une couleur country. Country side de Hesse ou de Frankfurt, Kentucky ? Peu importe. Les arrangements ont quelque chose de simple et donnent une ambiance intimiste et spirituelle qui présage la mort du pécheur. La production apporte cette paix touchante des American Recordings de Johnny Cash, surtout sa voix, car la musique de Schumann n’est que chant profond : Der Mann comes around.
Passé les morceaux fins et précieux de la première partie du disque, la fougue de Schumann entre en scène sans prévenir, avec cette désinvolture de mauvais garçon qu’on lui connaît : « Hello, I’m Robert Schumann. Can I have a glass of water !?» C’est à l’écoute de ces pièces enflammées que le mot “romantisme” prend tout son sens. Car les Romantiques allemands sont plus des outlaws que des mangeurs de guimauve. Et le folk nerveux et électrique de Schumann vaut bien les (power-)trios punks de Beethoven.
L’album est donc d’un genre sans précédent et mixe avec génie - que ne renieraient ni Richard Wagner, ni Phil Spector – un son virulent avec les mélodies délicates des idylles allemandes et des lieder.
La spontanéité et la fraîcheur du disque plaira au public bercé par l’âme folk. Et ceux qui restent rebelles et avides d’un son pénétrant et d’un langage sans concession trouveront dans les Kinderszenen tout le vitriol d’une longue tradition punk, loin du pompier stadium rock symphonique de Felix Mendelsohn.
R.Schumann // Kinderszenen // Alpha