Définition de l'artiste Krikor en moins de cinq lignes: Artiste électro (roumain ?) ayant souvent laissé trainé ses disques au Pulp, un endroit où lesbiennes et gays se frottaient jusqu'à plus soif en oubliant instantanément le nom des chansons sur lesquelles ils omettaient immédiatement de baiser.
Ca c'était ma vision préhistorique (au sens de « précédant l'histoire ») de Krikor, un artiste dont le nom était longtemps resté associé à Chloé et autres collectifs aux suffixes à rallonge. Le champ lexical de Krikor, c'était « mix, dance-floor, Paris, Tsugi, mix, mix mix et remix et surtout pas d'album ». Surtout pas pour moi en fait.
Danser pour draguer des lesbiennes, autant passer pour un érudit en se paluchant sur Phil Collins ou la fausse modernité des Daft Punk (vous savez, le groupe dont on se souviendra en pouffant, vers 2015 ?). Danser tout court même, m'était toujours apparu comme une tentative primitive de rabaissement de l'homme à l'état animal après plusieurs siècles passé à s'élever au dessus des cochons (cf Bangalter) et autres mammifères qui pataugeaient dans la boue. BREF.
Ca, c'était jusqu'à ce que l'attaché de presse me rappelle qu'il fallait que je bosse. Je me souviens très bien j'étais sur une aire d'autoroute, à hauteur de Lyon, peut-être un peu plus haut même, sur un parking avec un café à 1.20 € entre les mains. Le Pulp, l'autogrill... deux mondes enfin réunis :
- Salut, je t'ai envoyé Land of truth de Krikor, tu sais si vous ferez quelque chose sur le disque ?
- Ah oui surement oui (eh merde, elle est où ma touillette ?). C'est marrant j'ai reçu le disque en juillet alors que je vois le mois de mai sur la bio. Ya pas comme un problème ?
- Ah ah mais oui en fait.. euh... en fait le web était pas prioritaire sur ce coup là.
- (Putain et tu crois qu'ils l'auraient gagné la guerre les ricains en 1968 s'ils avaient lancé la bombe atomique au Viêt-Nam ?). Ah ok, c'est cool. Je te laisse, je dois remplir mon réservoir (Aucune blague sexuelle, merci. NDR)
Bon en fait, ca c'est pas vraiment passé comme ça.
En revanche, je me souviens parfaitement m'être dit, en reprenant le volant, que l'un des innombrables privilèges accordés aux gens qui recevaient des disques (l'équivalent de la carte de presse dans les années 2000), c'était encore d'écouter des artistes qu'on aurait jamais écouté sinon. Et même avec près de deux mois sur la date de sortie du dit disque, c'était encore un privilège.
A l'aube de God will break it all, sur la troisième piste, c'est Nicolas Ker qui s'y colle, puis s'y recolle 30 kms plus loin sur Dogs on trial. Disque collectif, autoroute à trois voix, album d'autostoppeurs, quoi qu'il est en soit c'est un essai de sérénité, l'Autobahn d'un ex des nuits courtes, plus pertinent que les denières tentatives de come-back des compères (et non, je ne dirai rien de méchant sur le dernier album studio de Cassius). Meilleur que le dernier Moby ? Assurément. C'est d'ailleurs à cela que l'on différencie les plagiats des plagiés. Sur la plage arrière, en embuscade, Land of truth fait son chemin.
Krikor and the Dead hillbillies // The land of truth // Tigersushi