J’ai pris cette photo de Kossi Efoui lors des dernières rencontres d’encre et d’exil de Beaubourg. Ce fut l’occasion pour moi de découvrir ce dramaturge togolais qui refaisait l’actualité à l’occasion de la publication de son troisième roman Solo d’un revenant.
Lors de ces échanges qui durèrent le temps d’un grand week-end sur la question de l’exil, les raisons du départ, la vie en exil et la question du retour, il était intéressant d'écouter le point de vue original de Kossi Efoui. Orateur éloquent ayant le sens de la polémique et de la contradiction, elle apporta beaucoup de saveur par sa personnalité à cet événement comme lorsqu’il défendit sa liberté de création contre un spectateur qui décriait des auteurs africains trop préoccupés par des questions d’esthétique ou refusant l’étiquette de porte parole…
Bref, l’homme ne laisse pas indifférent et j’ai adoré mes discussions avec ce dernier…
Ce qui rend un peu difficile le partage mes impressions après la lecture de son dernier roman. Le solo d’un revenant est le retour après dix ans (d’exil ?) d’un homme sur une terre qui est (était ?) sienne, terre qui a connu les affres de la guerre. Le pays est encore dans une période trouble, de paix, de reconstruction sans que les gens y croient vraiment. Il doit passer un check-point pour rentrer chez lui. Il est un revenant. Il ne connait plus personne. Il recherche tout de même une personne : Asafo Johnson. Son retour semble centré que sur ce seul objectif. Avec lui et Mozaya, ils étaient une bande d’étudiants qui refaisaient le monde par le biais du théâtre il y a quelques années. Puis chacun a pris sa route. La guerre faisant ses dégâts, l’éloignement n’a fait que s’accroître… Notre personnage revient dans ce pays comme un étranger, un fantôme, un revenant. Et nous livre le cheminement de sa pensée. Cheminement que j’ai eu du mal à suivre. Faute de rythme. Peut-être parce que je n’ai pas saisi l’ampleur du désarroi du revenant, sa perte de repère. Il semble ne plus avoir de famille. La petite tante qui l’a élevée a disparu. L’évocation de cette situation est d’ailleurs la seule séquence qui a suscité une réaction à mon niveau. L’écriture ne porte pas le propos du narrateur qui semble ne rien avoir à dire et dont la seule action se résume à retrouver Asafo Johnson.
En produisant cet article, je réalise combien ce texte est proche de la thématique de la rencontre du Centre Pompidou. Gustave Akakpo, dramaturge togolais également, disait à propos du retour la difficulté de constater que le vide (dans tous les sens possibles) créé par le départ est comblé par ceux qui restent, soulignant par là qu’il n’y a pas forcement une attente à l’endroit de celui qui revient… Et en suivant le retour, la quête du personnage de Kossi Efoui, j’ai comme le sentiment que tout ce qu'il observe l’a laissé pantois, sans voix, sans propos. D’où ma difficulté d’être emballé par ce texte.
Vous pouvez réécouter les interventions de Kossi Efoui et Gustave Akakpo à la BPI en cliquant par ici et là.
Bonne lecture et bonne écoute !
Kossi Efoui, Solo d'un revenant
Edition du Seuil, 207 pages
1ère parution 2008
Ce livre a obtenu le Prix Ahmadou Kourouma 2009 ainsi que le Prix Tropiques 2009
Kossi Efoui parle de son livre.
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