La révocation de Dupleix
Ces conflits amènent la Compagnie à envoyer en 1754 un commissaire spécial, Charles Godeheu avec l’ordre remplacer Dupleix. Ces ordres sont accomplis avec une brutalité inutile et Dupleix est renvoyé en France. Si Dupleix n’est qu’à moitié surpris par cette décision, cela se passe de manière brutale et frontale ; et par une de ces cruelles ironies du hasard, ce Charles Godeheu, ex-directeur de la Compagnie à Lorient, avait été autrefois stagiaire sous les ordres de Dupleix à Chandernagor.
Godeheu non seulement destitua Dupleix mais conclut avec les Anglais le désastreux traité de Sadras, par lequel les deux Compagnies s'engageaient réciproquement à s’abstenir de toute entreprise politique et à restituer leurs conquêtes, alors que les Anglais n’en avaient fait aucune et que les Français avaient fondé un Empire
En 1756, la déclaration de guerre entre les Français et les Britanniques donna à ceux-ci l'occasion de mettre fin à cette menace. Grâce à la maîtrise de bonnes positions stratégiques et à des effectifs militaires plus importants que ceux de leurs rivaux, ils parvinrent à renverser les seigneurs protégés par les Français puis assiégèrent et prirent Pondichéry, dont ils détruisirent le fort et l'enceinte, et enfin réduisirent les Français à la possession des cinq comptoirs dont les noms ont fait rêver des générations d'écoliers : Chandernagor au Bengale, Yanaon sur la côte de Coromandel, Pondichery et Karikal sur le golfe du Bengale et Mahé sur la côte de Malabar, près de Cochin La fin de la guerre de sept ans fut décidée au traité de Paris de 1763. La France perd la plus grande partie de son empire colonial et ne conserve que ces cinq comptoirs en Inde.
Dupleix passa le reste de sa vie à plaider contre la Compagnie, à laquelle il réclamait des sommes importantes qu’il avait avancées pour son service. Il y dépensât le reste de sa fortune privée, la Compagnie des Indes refuant de reconnaître sa responsabilité. Le gouvernement ne voulut rien faire pour un homme qu’il continuait à considérer comme un aventurier ambitieux.
Le plus grand des gouverneurs coloniaux meurt dans l’oubli, l’indigence, la misère et l’humiliation en novembre 1763 à Paris sans avoir pu se faire rendre justice.
Peu avant sa
mort, il avait publié un mémoire qui fit grand bruit :
« J’ai sacrifié ma jeunesse, ma fortune, ma vie, pour enrichir ma nation en Asie. D’infortunés amis, de trop faibles parents consacrèrent leurs biens
au succès de mes projets. Ils sont maintenant dans la misère et le besoin. Je me suis soumis à toutes les formes judiciaires, j’ai demandé contre le dernier créancier ce qui m’est dû. Mes
services sont traités de fables, je suis traité comme l’être le plus vil du genre humain. Je suis dans la plus déplorable indigence. La petite propriété qui me rentait vient d’être saisie. Je
suis contraint de demander une sentence de délai pour éviter d’être traîné en prison. »
Conquis par les Anglais en 1793, les comptoirs revinrent cependant à la France grâce à l'activité diplomatique déployée par Talleyrand lors du congrès de Vienne. Lorsqu'en 1947, l'Inde accède à l'indépendance, l'agitation se développe dans les comptoirs français. Dès 1949, Chandernagor devient partie intégrante de l'état du Bengale. En 1954, les quatre comptoirs demeurés français sont fusionnés en un seul territoire qui forme un nouvel état au sein de l'Union indienne.
Sources