- Ce dimanche 2 août 2009 - L'humeur de la semaine -
La nature est en pleine effervescence et, en particulier, les abeilles. Ne sont-elles pas occupées à nous cococter le miel qui nous aidera, cet hiver, à guérir nos maux de gorge et nos trachéites ! Alors, en leur honneur, voici une petite fable que j'avais destinée aux enfants, mais qui peut également faire sourire les adultes.
Une abeille d'avoir trop volée
Loin de sa ruche, loin de son aire,
Perçut les bruits les plus divers,
Entre autre celui-ci
Qui lui tourneboula l'esprit.
Pensez qu'il lui revint aux oreilles
Que dans la société des humains,
On travaillait de moins en moins.
Ainsi sur la planète Terre,
Quelques-uns s'arrogeaient le droit
De vivre sans rien faire ?
L'abeille en fut désappointée,
D'autant que dans sa société,
Les loisirs, en quelque sorte,
Etaient restés lettre morte.
Pas d'autre adage, Mesdames,
Que d'oeuvrer davantage.
Quel fichu pays, se dit-elle,
Qui laisse coexister des régimes si contraires !
C'est l'humeur altérée,
Qu'elle alla, de son vol altier,
Prévenir sa voisine.
Pourquoi ce tapage,
S'enquit celle-ci,
Et à quelle fin cette colère ?
A mon avis, cette affaire
Ne mérite pas de commentaire.
Croyez-en mon expérience,
Autant d'inconséquence ne mène qu'à l'échec.
Soyez rassérénée, ma chère,
Renchérit la demoiselle,
Les hommes n'ont-ils pas fait de l'abeille
Un emblème sans pareil ?
Fi de ces propos flatteurs !
S'esclaffa sa consoeur,
Je ne saurais tolérer
Que mon travail, ici-bas,
Ne serve à engraisser
Qu'une bande d'ingrats.
Comme vous y allez !
S'étonna la plus âgée.
Soyez plus accommodante.
D'être montrée en exemple
Devrait vous rendre tolérante.
Vous n'y songez pas !
S'emportait la rebelle,
Qui s'enflammait de plus belle.
Comment accepter que des fainéants
Fassent leur miel tranquillement
A nos dépens ?
Si nous nous fâchions vraiment ?
Plus de miel, mes bons enfants !
La ruche, qui applique vos recettes,
S'accorde quelques jours de fête.
Ainsi pourrions-nous batifoler,
En butinant à leur santé
Fleurs d'aubépine et d'églantier.
Pour clore cette altercation
Et dans le seul souci, en somme,
De ne déplaire à personne,
La prudente voisine
Proposa cette maxime :
Vous n'avez certes pas tort
Et pas raison, davantage.
Car en prenant le temps
De réfléchir posément,
Qui nous dit que les hommes
Tireront le meilleur avantage
D'une pareille leçon ?
Ce, d'autant que la rumeur propage,
Qu'ils font rarement bon usage
Des vertus les plus sages.
Extraits de " La ronde des fabliaux". Pour se procurer l'ouvrage, cliquer ICI