L’aromathérapie, une science médicinale à part entière
L’aromathérapie correspond à l’art de soigner grâce aux huiles essentielles. Elle est considérée comme une branche de la phytothérapie, et donc comme une médecine douce, mais ne nous y trompons pas: les huiles essentielles sont des armes thérapeutiques très concentrées, très puissantes, présentant des risques de toxicité en cas de mauvaise utilisation, et dont l’usage doit par conséquent s’accompagner de précautions (dosage, contre-indications, fréquence et durée du traitement, voie d’administration…).
Les huiles essentielles peuvent traiter de très nombreux maux (digestifs, respiratoires, loco-moteurs, nerveux, circulatoires, cutanés…). En cosmétique, leurs nombreuses propriétés font d’elles des actifs très appréciés. Elles s’utilisent seules ou, le plus souvent, en synergie. Les modes d’administration les plus courants sont la diffusion (par voie respiratoire) ou le massage (par voie cutanée, pures ou diluées), mais on peut aussi, dans de rares cas, les prendre par voie orale.
Des huiles… non grasses
Les huiles essentielles ne sont pas des corps gras, comme leur nom ne l’indique pas. Elles sont constituées d’un ensemble (300 à 400) de molécules aromatiques: terpènes, aldéhydes, cétones, phénols, lactones, esters… Elles sont volatiles et non solubles dans l’eau, en revanche, elles sont solubles dans l’huile et l’alcool. Ces huiles essentielles sont produites par les espèces végétales dites aromatiques (arbres, arbustes, herbes, plantes…), et leur rôle est de protéger la plante contre les agressions du milieu: soleil, insectes, parasites, champignons…
Fabrication des huiles essentielles
Il existe différents procédés d’extraction des huiles essentielles, le plus fréquent étant la distillation à la vapeur. La partie de la plante utilisée (selon les espèces, bois, racines, feuilles, fleurs, fruits, ou plante entière) est placée dans une cuve (appelée alambic), où elle est traversée par un courant de vapeur d’eau. La vapeur entraîne avec elle les molécules aromatiques du végétal. Cette vapeur chargée d’huile essentielle est ensuite refroidie dans un serpentin réfrigérant, et, en redevenant liquide, elle se sépare en deux phases: l’eau, et, surnageant à la surface du récipient, l’huile essentielle, qui est recueillie. L’eau est appelée eau florale (ou hydrolat), car elle contient elle aussi des molécules aromatiques, à faible concentration.
Pour les huiles essentielles d’agrumes (citron, orange, mandarine, pamplemousse, bigaradier, bergamote…), le procédé est plus simple: elles sont extraites par pression à froid des zestes.
La quantité d’huile essentielle obtenue à partir de 100 kg de matière végétale varie selon les plantes: par exemple, elle est de 1 kg pour la lavande, 300 g pour le géranium, et… 8 g pour la rose! Cela explique que certaines huiles essentielles sont particulièrement onéreuses.
Classement des huiles essentielles par familles biochimiques
On classe les huiles essentielles selon leur famille biochimique, c’est-à-dire en fonction du type de molécules majoritaire dans l’huile essentielle. A chaque famillle correspond une classe d’effet thérapeutique, par exemple:
- les monoterpénols de la menthe poivrée, du palmarosa ou de la lavande vraie sont toniques, antiseptiques et immunorégulateurs;
- les cétones de l’hélichryse, de l’eucalyptus globulus et du romarin à verbénone sont mucolytiques, stimulantes hépatique et cicatrisantes;
- les esters de la menthe citronnée et du petit grain sont antispasmodiques, anti-inflammatoires et antalgiques…
Des propriétés variables selon l’espèce, le chémotype, et la partie de plante utilisée
Chaque plante a ses propriétés spécifiques, en fonction du profil biochimique de son huile essentielle. Et, pour une même plante, les propriétés varient selon les espèces: par exemple, pour la lavande, l’espèce Lavandula angustifolia (ou lavande vraie) n’a pas les mêmes vertus que l’espèce Lavandula spica (ou lavande aspic) ou que Lavandula hybrida (ou lavandin).
La partie de plante utilisée a également son importance: selon que l’on distille les fleurs, les feuilles ou les fruits, les huiles essentielles obtenues sont différentes (pour l’oranger bigarade, l’HE issue des fleurs apaise le système nerveux, tandis que l’HE obtenue à partir des feuilles est un équilibrant nerveux et un tonique cutané, enfin, la pression à froid des zestes des fruits donne une HE d’orange calmante pour le système digestif).
Enfin, au sein d’une même espèce, la composition biochimique et les propriétés varient en fonction du milieu dans lequel a poussé la plante: nature du sol, origine géographique, altitude, ensoleillement, humidité, température… Ainsi, pour le thym (Thymus vulgaris), il est nécessaire de distinguer le thym à thymol, le thym à carvacrol, le thym à linalol, le thym à géraniol… Chacun de ces chémotypes (CT) de thym a une activité thérapeutique spécifique. Pour les espèces comptant plusieurs chémotypes (thym, romarin), la nature exacte de l’huile essentielle doit être précisée sur l’étiquette du flacon.