1er doute

Publié le 01 août 2009 par Alain Hubler

En ce jour de fête nationale, je l’avoue, je dévie, je ne suis pas allé à Ouchy voir la parade du fleuron technologico-sportivo-financier et naval de notre très cher pays. Je me suis contenté de lire, de-ci de-là, les déclarations des gens qui comptent dans ce pays.

Je retiendrai deux orateurs : Doris Leuthard et Hans-Rudolf Merz, qui, plus ou moins en même temps qu’Alinghi 5 faisait tout oublier grâce, notamment, à son « concentré de technologie » et à ses assistances motorisées – une première qui en dit peut-être long ! – qui, disais-je, déclamaient leurs discours.

La première affirmait en substance que le « nous » doit l’emporter sur le « je » et que chacun allait devoir se serrer la ceinture pour les autres. Elle parlait de solidarité, mais on ne sait pas de qui cette solidarité allait venir et vers qui elle allait aller. Mais son credo semblait, selon l’Agence télégraphique suisse (ATS), « d’assurer “la cohésion de l’économie, du politique et de la société”». Plutôt inquiétant.

Le second déclarait que, toujours selon l’ATS, « la société et l’économie libérales s’épanouissent ensemble dans notre Etat », que les Suisses ont des attentes qui « étaient exagérées », qu’« en fin de compte, l’Etat doit intervenir là où des personnes se heurtent à des difficultés dont elles ne sont pas responsables », mais que « nos assurances sociales peuvent certes atténuer mais non juguler la récession économique actuelle ».

Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai un doute sur le sens de la solidarité telle qu’elle apparaît dans ces discours. J’ai comme l’impression que les gueux, les gagne-petit, les chômeurs, les sans-formation, les sans-papiers, les sans-grade, les sans en général, vous et moi, vont devoir faire preuve de solidarité, donc de « davantage de modestie et d’altruisme » – c’est encore du Merz – pour que « la société et l’économie libérales s’épanouissent ensemble dans notre Etat ».

En une phrase comme en cent : vous allez en chier, en chier dur, très dur, pour remonter la pente. Mais quelle pente au fait ? Mais évidemment leur pente ! Leur pente glissante !

Crotte, j’aurais dû aller voir le nouveau symbole de la swissitude, comme Micheline. Cela m’aurait changé les idées …

La seule qui détonne : la conseillère fédérale PBD Evelyne Widmer Schlumpf qui a rappelé la fin du préambule de notre Constitution « Sachant que seul est libre qui use de sa liberté et que la force de la communauté se mesure au bien-être du plus faible de ses membres. »

A mon humble avis, nous passons de plus en plus, ou nous restons, du « côté obscur de la force », mais qu’importe, vogue la galère !

  • Crédit photographique : image piquée patriotiquement à © Jean-Guy Python pour Le Matin.