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Divine mère

Par Chroniqueur
Divine mèreLe livre de Erri de Luca, Au nom de la mère, de Erri de Luca, à travers le récit de la maternité de Miriàm, mère de l'enfant Jésus, est une ode à la mère, à la femme. L'auteur s'est fait discret, si discret pour laisser toute la place à Miriàm divinement métamorphosée en motte de terre féconde, fleur pollinisée. Il devient un second Iosef, tout entier dévoué à ce si simple miracle: une vie au creux d'un corps, une petite vie qui danse dans l'anse d'un ventre, le comble et l'emplit d'une paix profonde et d'une confiance inébranlable dans ce qui advient, acceptant son destin de femme bénie entre toutes les femmes et toutes les conséquences d'être élue: prendre le risque de perdre Iosef, subir la loi des hommes à laquelle elle n'appartient déjà plus, nouvelle Antigone se soumettant aux lois non écrites de la vie, à celui du Souffle.
Impossible de dévoiler ici la finesse de ce petit texte de nonante pages. Évoquons peut-être simplement la prière à l'envers de Miriàm à la naissance de son fils: "Fais qu'il ne soit pas beau, qu'il ne suscite aucune envie. Écoute la prière à l'envers de ta servante". Prière contradictoire qui pourrait être celle de toute mère voulant le meilleur pour son enfant tout en souhaitant ne pas le voir partir alors que la séparation a déjà commencé, dès la naissance. Toute mère n'est-elle pas la servante de celui qui vient?
L'écriture rude et noueuse de Erri de Luca, belle comme une branche d'olivier - et très bien rendue dans la traduction de Danièle Valin, sa tendresse virile et clairvoyante est une invitation à faire confiance, à accepter avec humilité le pollen du quotidien, à l'exemple de Miriàm, Marie pleine de grâce.
Photographie: Edouard Boubat, Les cerisiers en fleurs.

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