Editions J'ai Lu, 1997 - Couverture 2009 - 350 pages - 6,50€
Traduit de l'anglais (USA) par Daniel Garcia
Tina est à mille lieux des considérations politiques et militaires. Elle est accueillie à Cimarron, la propriété du couple McKenzie (Jarrett et Tara, dont les aventures torrides sont à découvrir dans La fugitive des bayous, pour votre information).
Le soir même, une fête d'anniversaire est donnée et la rencontre explosive a lieu : Tina contre James, dit Ours rapide, un sang-mêlé, de père écossais et de mère séminole, séduisant brun aux yeux bleus, exsudant la virilité, la noblesse et la force sauvage. Tout un programme.
Il s'agit aussi du demi-frère de Jarrett. Ils ont reçu la même éducation métissée, mais James a préféré se tourner vers sa lignée indienne pour vivre à leur façon, en concédant de temps à autre une apparition dans le beau monde.
Sa rencontre avec Tina se passe très mal. Elle est la fille du type qu'il déteste plus que tout au monde. A ses yeux, elle ne vaut pas mieux que lui. Tina, de son côté, est fascinée par sa beauté animale, vite douchée par l'accueil qu'il lui réserve.
D'office, le roman s'ouvre sur une scène bourrée d'action (Tina est tombée dans une embuscade mêlant l'armée et les indiens), de suspense (la demoiselle a un coutelas sous la gorge, son scalpel va bientôt devenir le trophée de son assaillant) et d'érotisme fou (la belle est enlevée dans une hutte de roseaux, avec pour comité d'accueil une bousculade rapide et énervée dans les herbes) ... et nous ne sommes qu'à la page 15 !
Ne nous emballons pas. Ceci n'est qu'un préambule. Le chapitre d'après nous replace six mois en arrière, lorsque Tina et James se rencontrent pour la première fois, se détestent cordialement, s'attirent, se repoussent, se lancent des noms d'oiseaux, se cherchent, se bousculent et non ils ne se réveillent pas.
Comme d'habitude.
Extrait :
Elle s’allongea sur le lit et ferma les yeux pour mieux retenir les larmes qu’elle sentait venir. Quand elle entendit de nouveau marcher dans le couloir, elle se releva d’un bond, sortit sur la galerie et courut jusqu’à la porte-fenêtre qu’elle savait être celle de sa chambre.
La pièce était vide. Il était parti.
Un sanglot dans la gorge, Tina revint dans sa chambre et se jeta sur le lit, se retenant de fondre en larmes.
Un léger bruit, au-dehors, la fit se retourner. Elle regarda par la porte-fenêtre et, à sa grande surprise, elle l’aperçut là, torse nu, éclairé par la lune. Il la regardait. Il paraissait si calme qu’il devait l’observer depuis un moment. Soudain, il entra dans la pièce et se dirigea droit vers elle. Tina n’eut pas le temps de s’écarter : il l’avait déjà attrapée par le bras pour l’attirer contre lui.
- Vous n’avez pas le droit…, protesta-t-elle. Vous ne pouvez pas entrer dans ma chambre comme si…
Elle ne put terminer sa phrase. Il s’était emparé de ses lèvres pour un baiser passionné. Sauvage.
- Vous êtes venue devant ma chambre, dit-il en relâchant ses lèvres. Pourquoi ?
- Pour vous dire au revoir.
- Non.
- Pour vous dire au revoir !
- Vous mentez, Tina. Vous êtes venue pour autre chose.
- Non.
- Dites-moi pourquoi.
- Pour vous dire…
- Je veux la vérité !
- J’étais venue…
- Pour moi. Et pour ça…
Il l’embrassa encore. Tina aurait voulu se débattre, lui échapper, mais au lieu de cela elle lui rendit son baiser. Sa sauvagerie l’effrayait autant qu’elle l’attirait. A cet instant précis, elle ne pouvait rien rêver de plus beau que de se trouver dans ses bras puissants. Bonté divine, elle devait absolument se reprendre ! Ne pas oublier qu’il la haïssait !
Il la relâcha soudain et s’écarta d’elle pour la contempler. Aucune lampe ne brûlait dans la pièce. La seule clarté de la lune accentuait le contraste entre la blancheur de sa peau, celle de sa chemise de nuit et le flamboiement de ses cheveux. James s’approcha de nouveau d’elle.
- Attendez ! dit-elle.
- Attendre quoi ? J’allais partir de cette maison, vous m’avez décidé à rester. Vous ne pourrez plus m’arrêter, à présent.
Elle faillit crier quand il commença à délacer sa chemise de nuit. En quelques secondes, elle se retrouva nue dans ses bras, tremblante de désir et d’appréhension. Quand il voulut la coucher sur le lit, elle trouva enfin la force de le repousser et s’aperçut qu’il souriait.
- Je ne vous laisserai pas vous moquer de moi, ni me ridiculiser ! lui lança-t-elle. Jamais !
Il secoua la tête.
- Je ne me moquais pas de vous, mais de moi, murmura-t-il. Parce que, au lieu de quitter Cimarron, je vais rester ici toute la nuit. Dans cette chambre. Le petit papillon s’est approché trop près de la bougie…
Hihihi. J'adore ça. C'est délicieusement niais.
Même si l'histoire, à la base, est élémentaire, nous avons un mâle beau, arrogant, tiraillé par ses deux cultures (blanche et indienne) et une héroïne tout aussi charmante, au caractèrement bien trempé. Fatalement l'attirance entre les deux est immédiate, mais animée par la haine. En effet l'homme abhore la jeune femme pour ce qu'elle représente (la fille du colonel qui extermine tous les indiens Séminoles) et elle s'en veut de céder si facilement à la passion, car elle a sa fierté et son orgueil, je ne parle pas de sa vertu dont elle fait peu de cas !
Leur liaison est impossible, mais l'interdit est irrésistible et nos deux amants vivent une passion qui me rend coite. Là où la belle dit non, son corps dit oui. Le bellâtre use et abuse beaucoup de rudesse et de gestes sauvages, c'est écrit souvent, l'auteur insiste, à tel point que je me suis demandée qui de l'auteur ou du traducteur était venu à bout de son dictionnaire de synonymes.
Sans quoi, j'ai beaucoup aimé suivre le jeu du chat et de la souris entre ces deux amants (qui mériteraient des claques). C'est une lecture qui se dévore en une soirée, avec beaucoup d'aventures et de passions comme l'indique la collection.