Homélie 18 T.O.B. 2009 – Le Christ pour la vie!

Publié le 01 août 2009 par Walterman


La semaine dernière Jésus a accompli le signe des pains, et la foule qui en a bénéficié voulait s’emparer de lui pour en faire leur roi.

Faire de Jésus un roi revient à lui demander de prendre la tête d’une révolution contre l’Empire romain. Les Israélites à l’époque n’avaient pas leur propre royaume. Ils étaient un territoire occupé, gouverné par un préfet romain, avec très peu d’autonomie. Or, ces révolutionnaires en herbe sont si convaincus que Jésus aurait fait un meneur parfait qu’ils l’ont suivi en traversant la Mer de Galilée après son départ précipité au milieu de la nuit.

Le voici donc de nouveau entouré de cette grande foule qui l’adulait, prête à le suivre jusqu’à la mort, pourvu qu’il accepte de devenir leur roi pour les conduire à l’indépendance politique et à la prospérité.

Que feraient la plupart des gens dans pareille situation ? Ils profiteraient de la situation pour réaliser leur soif de pouvoir, promettant à la foule tout ce qu’elle veut, pour jouir aussi longtemps que possible de leur statut de célébrité. Jésus non. Il n’était pas venu parmi les hommes pour satisfaire son ego, mais pour remplir une mission. Et cette mission n’était pas d’apporter un paradis terrestre, ce que les gens, en fait, attendaient :

« … vous me cherchez, non parce que vous avez vu des signes, mais parce que vous avez mangé du pain et que vous avez été rassasiés. »

Jésus est venu apporter plutôt le « pain du ciel », la vérité et la liberté comme fruit de la vie en communion avec Dieu. Son intention n’est pas de stimuler en nous et de satisfaire notre désir de puissance et de popularité, de succès purement humain. Jésus se concentre exclusivement sur sa mission, et non pas sur lui-même. Si nous voulons lui être fidèles, si nous voulons expérimenter le véritable succès dans cette vie, nous devons marcher dans ses traces.

Une des raisons pour lesquelles il nous est tellement difficile de vivre selon les critères du véritable succès est que le monde qui nous entoure n’encourage pas cette recherche. Ce qui est récompensé en ce monde, c’est souvent - mais pas toujours - l’égoïsme, le péché.

Voilà pourquoi Benoît XVI, dans sa deuxième encyclique disait que le Jugement Dernier était pour nous un motif d’espérance, plus que de peur. Les chrétiens croient en la promesse de Dieu qui dit que, même si la justice n’est pas toujours et parfaitement réalisée sur cette terre, elle le sera à la fin de l’histoire. Ainsi, nos efforts pour faire ce qui est bon, pour servir ceux qui sont dans le besoin, de maîtriser et canaliser nos tendances égoïstes – bref, tous les efforts qui peuvent nous être si pénibles et coûteux – en valent la peine. C’est par eux que nous construisons un royaume éternel ; la récompense d’un vrai succès ne sera jamais perdue.

Benoît XVI l’explique ainsi:

« L'image du Jugement final est en premier lieu non pas une image terrifiante, mais une image d'espérance … c'est une image qui appelle à la responsabilité … Dieu est justice et crée la justice. C'est cela notre consolation et notre espérance. Mais dans sa justice il y a aussi en même temps la grâce … La grâce n'exclut pas la justice. Elle ne change pas le tort en droit. Ce n'est pas une éponge qui efface tout, de sorte que tout ce qui s'est fait sur la terre finisse par avoir toujours la même valeur … À la fin, au banquet éternel, les méchants ne siégeront pas indistinctement à table à côté des victimes, comme si rien ne s'était passé. » (Spe salvi 44)

Ainsi, même si nos efforts pour la justice ne sont pas couronnés de succès ici et maintenant, ils sont pourtant le meilleur investissement pour notre temps, nos talents et nos trésors.

Voici comment l’exprimait Mère Teresa :

« A la fin de notre vie, nous ne serons pas jugés sur le nombre de diplômes que nous aurons obtenus, la quantité d’argent que nous aurons gagné, où le nombre d’exploits que nous aurons accomplis. Nous serons jugés sur ‘J’étais nu et vous m’avez habillé ; j’étais malade et vous m’avez visité ; j’étais en prison, et vous êtes venus jusqu’à moi’ » (Mt 25, 35-36).

C’est une des raisons pour lesquelles les chrétiens arrivés à la maturité de la foi, parviennent à garder courage au milieu des épreuves. Parce que nous croyons en Jésus Christ, nous croyons en sa promesse qu’il nous a précédés au ciel pour nous y préparer une place. Les épreuves de la vie ne peuvent rien changer à cela ! Parce que nous croyons en Jésus Christ, nous mettons notre confiance dans l’exhortation de Jésus : « Dans le monde vous rencontrerez la détresse, mais courage : j’ai vaincu le monde. » Parce que nous croyons en Jésus Christ, qui a souffert, est mort et ressuscité des morts, nous savons que notre espérance du ciel n’est pas un miroir aux alouettes, mais le roc solide dans les tempêtes de la vie. Toutes les épreuves pénibles de cette vie sont des épreuves que les pèlerins rencontrent en chemin – aucune d’entre elles ne durera pour toujours.

Si nous cherchions un succès mesuré uniquement de manière terrestre, alors les souffrances de cette vie seraient nos pires ennemies, parce qu’elles affectent tout ce qui est terrestre, comme les mites détruisent le linge et la rouille le métal. Mais nous cherchons - ou nous apprenons à chercher - le vrai succès, la croissance dans la justice et la sainteté, comme saint Paul nous l’enseigne dans la deuxième lecture de ce jour.

Les souffrances de cette vie ne peuvent pas diminuer la justice et la sainteté. Si nous regardons l’exemple des saints, nous constatons que les souffrances et les épreuves augmentent au contraire la justice et la sainteté, si nous les unissons humblement aux souffrances du Christ sur la croix.

Dans quelques instants, Jésus va nous offrir une fois de plus le pain de la vie dans l’Eucharistie, la nourriture qui ne passe pas, parce qu’elle ne fortifie pas seulement le corps, mais aussi l’âme.

Alors, remercions-le de tout notre cœur de nous avoir aimés assez pour nous montrer le chemin de la vie éternelle.