Dès lors tout s’enchaîne et les titres des chapitressont là pour évoquer, non sans humour, les épisodes successifs. : Dans Santa Croce sans Baedeker/ Musique, violettes et lettre E/Quatrième chapitre/Possibilité d’une agréable sortie/Le révérend Arthur Beebe, le révérend Guthbert Eager, Mr Emerson, Mr.George Emerson, Miss Eleanor Lavish, Miss Charlotte Bartlett et Miss Honeychurch s’en vont dans des voitures voir un paysage : les voituriers sont Italiens/Ils retournent.
La seconde partie, qui est aussi la dernière, se passe dans la campagne anglaise, chez les HoneychurchLucyest fiancée àCecil Vyse, un jeuneanglais bien sous tout rapport mais guindé et distant,«un de ces types qui ne mettront jamais la casquette d’un autre. (…) Il était médiéval .Tout pareil à une statue gothique. Cultivé, riche en dons et sans tare physique, il n’en vivait pas moins sous la griffe de certain démon que le monde moderne nomme conscience narcissique de soi et que le moyen âge, dans sa vision moins nette, connaissait sous l’appellation d’ascétisme. Le célibat était inscrit dans la statue gothique comme, dans une statue grecque, l’achèvement voluptueux. »
Lucyest revenue changée de son voyage en Italie :« ayant en effet atteint cet état où seules des relations personnelles pouvaient la satisfaire, elle était une révoltée désirant non pas un salon plus vaste, mais l’égalité auprès de l’homme qu’elle aimait.. Car l’Italie lui avait offert la plus précieuse des possessions : celle de son âme. »
Un livre a son importance dans ce récit :«Sous la loggia»écrit parMiss Lavish, compagne deMiss Bartlettà Florence et qui, malgré le secret promis,racontel’aventure de Lucy et de George au cœur dela ville. Justementc’est aussi le livre que litCecilà haute voix devant toute l’assistance d’oùla fureur de Lucy et la honte de Charlotte
Il s’agit une fois de plus d’orgueil et de préjugés, d’amoureux lents à se déclarer, de conventions sociales et de bonnes manières très précises, à respecter à tout prix, de libertés féminines jamais complètement revendiquées et qui tardent à s’épanouir.
Stop ! Je décide d’arrêter làmon résumé car je sens trop fort l’envie de me perdre dans les détails tant ceux-ci me ravissent sous la plume de l’auteur. Il écrit d’une façon exquise dirait-on si c’était une femme, mais surtout tellement teintée d’humour et par petites touches réalistes et sensibles quecette lecture est un pur délice!
C’est pourtant pour moiune relecture et je suis partante pour une troisième! J’aurais envie de noter un tas innombrable de petites phrases plus drôles et surprenantes les unes que les autres.
C’est avant tout frais, léger, souriant, allègrement mené,c’est un enchantement. C’est le genre de lectures que j’adore.C’est un de mes plus grands coups de cœur. Un régal!
En ont déjà parlé : in cold blog, papillon, Isil, Karine, lilly, Allie, et j’en oublie sûrement
.Avec vue sur l’Arno de Edward Morgan Forster
( Christian Bourgois, 323 pages,traduit de l’anglais par Charles Mauron, titre original : A Room with a View, 1908, 1986)