Avec ses plus belles plumes sur toutes les pages, le magazine québécois QuébecOiseaux célèbre ses 20 ans ce printemps. Lancé en 1989 par l’Association québécoise des groupes d’ornithologues — devenue le Regroupement QuébecOiseaux —, il mise sur la vulgarisation scientifique pour faire connaître les oiseaux québécois et leurs habitats. Rencontre avec son rédacteur en chef, Michel Préville.
Agence Science-Presse – Qu’est-ce que cela fait d’avoir 20 ans?
Michel Préville (MP) – Les magazines québécois qui parviennent à fêter 20 ans sont peu nombreux. Nous en sommes très heureux! Avec le phénomène du web et des bulletins électroniques, il y en aura de moins en moins. Mais notre créneau, l’ornithologie, est tellement particulier que le magazine pourrait bien passer à travers la vague de l’Internet!
ASP – Rappelez-nous la mission de QuébecOiseaux…
MP – Notre objectif est le même que lors de sa fondation: faire connaître les oiseaux québécois afin de sensibiliser le public à leur protection et celle de leurs habitats. C’est pour cela que notre magazine doit être le plus accessible possible. Par exemple, nous ne mettons aucun nom latin d’oiseaux sauf exception. Cela facilite la lecture et le rend accessible.
ASP – Qu’est-ce qui distingue QuébecOiseaux des autres magazines?
MP – Ce qui le rend unique, en plus d’être un beau magazine, avec des photos de qualité sur papier glacé, c’est la langue — le français —, mais aussi le facteur géographique. Notre ligne directrice est de parler du Québec, de ses oiseaux et de ses habitats. Nous offrons une vision plus globale que celle des bulletins des 30 clubs du Regroupement QuébecOiseaux (ROQ). Nous sommes les seuls à parler de l’ensemble des études québécoises et des préoccupations majeures des ornithologues. Nous suivons l’évolution des populations d’oiseaux d’ici dans le temps et dans l’espace.
ASP – Quelle est l’importance des photos?
MP – Elles occupent une très grande place. De plus en plus de photographes sont équipés en numérique et de mieux en mieux documentés, ce qui résulte en des photos de grande qualité. Nous sommes conscients de cet intérêt chez nos lecteurs. Ils achètent le magazine autant pour le contenu que pour les photos. C’est un peu la même démarche que pour les magazines sur le plein air qui montrent de beaux paysages. Nous, nous montrons des oiseaux sous tous les angles. Ce que les guides souvent ne font pas. Notre chronique Oiseaux d’ici montre trois ou quatre photos de la même espèce: le mâle et la femelle, mais aussi les petits au nid. Et comme quelqu’un m’a déjà dit : «les oiseaux, c’est beau!»
ASP – Dans votre édition anniversaire – printemps 2009, en kiosque – vous avez notamment consacré quelques pages aux 20 oiseaux québécois les plus marquants depuis 1534 : macareux moine, grue du Canada, Mésange à tête noire…
MP – Ce sont quelques pages qui ne sont pas passées inaperçues. C’était pour nous une manière de parler un peu l’histoire de l’ornithologie d’ici, depuis Jacques Cartier à aujourd’hui. Il s’agissait de présenter un oiseau pour chaque époque marquante. Les choix sont subjectifs. Nous avons eu beaucoup de bonnes réactions. Il y a un regain d’intérêt chez nos lecteurs pour l’histoire. Nous l’avions constaté l’an dernier lors de l’anniversaire du décès du naturaliste suédois Carl Von Linné. Les sciences naturelles connaissent aussi un intérêt accru tout comme les thèmes liés à la conservation. Comme on a pu le constater encore une fois avec un autre article consacré aux Grands changements pour 20 espèces d’oiseaux. Nous y recensons dix espèces dont la fréquence d’observation a le plus augmenté et dix autres dont la fréquence a le plus diminué depuis 20 ans. C’est une analyse que l’on fait moins et qui a particulièrement intéressé les ornithologues plus professionnels.
ASP – Que faudra-t-il à votre magazine pour célébrer 20 ans de plus?
MP – Il faudra certainement assurer une relève et rajeunir notre lectorat. Le Regroupement QuébecOiseaux, qui partage avec nous ce défi, envoie parfois un biologiste dans les écoles pour parler des oiseaux. Nous pourrions peut-être intégrer ce genre d’initiatives dans le magazine. Il nous faut aussi faire connaître davantage le magazine. Les gens sont souvent sidérés par sa qualité, c’est à nous de mieux le faire connaître!
Regroupement QuébecOiseaux