Par Yann Le Bohec, professeur des universités, professeur d’histoire romaine à l’université Paris 4 Sorbonne, vice-président de la section « Histoire et archéologie des civilisations antiques » du Comité des travaux historiques et scientifiques.
Fruit de la rencontre entre la rigueur romaine héritée du Latium et la créativité grecque issue de l’Attique, la conception romaine de l’éducation marque un sommet dans l’histoire de l’humanité. L’éducation, l’instruction et la morale étaient, pour les Romains, indissociables ; leur dissociation eût paru à tout citoyen bien éduqué littéralement monstrueuse. Si la rencontre du miracle grec a profondément bouleversé le monde romain et contribué à la diffusion de la culture antique dans de larges franges de l’Empire, elle n’en a pas pour autant permis la massification de cette haute culture. Du fait du bilinguisme, de la rareté des textes, et des besoins militaires (armée) et économiques (esclavage) d’une société en permanence contrainte de défendre les marches de son empire, l’éducation reste dans la Rome antique un luxe réservé aux meilleurs (fils de notables, fils de patriciens). La masse de la population vit dans l’illettrisme ; seuls quelques hommes pauvres et quelques esclaves apprennent à lire, écrire et compter, leurs connaissances ayant un but strictement utilitaire. La vraie et grande culture, incluant la connaissance du grec, reste l’apanage des nobles et des grands, pas forcément des riches. La didactique s’appuie sur le commentaire de texte et l’exposé, privilégiant le discours oral. L’enseignement repose sur le maintien d’une discipline assez stricte qui ne recule pas devant le châtiment corporel. Ce qui ne l’empêche pas de demeurer empreint d’une grande liberté ; dans le système éducatif de la Rome antique, personne n’intervient, au moins directement, dans le métier des maîtres, ni les parents, ni les communes, ni l’État, ni aucun autre pouvoir que ce soit.
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