Je suis un fan de longue date de Stephen King, j’ai lu facilement 75% de son œuvre à ce jour. Son dernier roman, Duma key, une brique de plus de 600 pages camouflés dans une écriture serrée, démontre à quel point la soif d’écrire de King ne s’étanche pas facilement. Un roman dans lequel il est évident que l’auteur nous livre des émotions et état d’âme ressentis après son grave accident de voiture qu’il a subit. Le protagoniste principal, Edgar Freemantle, entrepreneur en construction, sera victime d’un accident de grue dans lequel il se fait littéralement écrasé et deviendra manchot, en plus de subir des sévisses à la jambe et d’encaisser un traumatisme crânien qui lui gâchera l’existence à court et moyen terme.
Après des mois de traitements et d’une séparation maritale douloureuse, Freemantle poursuivra sa convalescence dans une maisonnée rose située dans les Keys de la Floride sur le bord de la mer, Big Pink comme il l’a baptisée deviendra son antre de délivrance qui cache d’étranges pouvoirs et où les coquillages, au frottement des marées, chantent des mélodies qui sifflent des secrets bien gardées et qui réveillera des fantômes endormis depuis plus de 80 ans. Freemantle se laissera envoûter par ces symphonies malicieuses et devra livrer une lutte d’autant plus pénible que son accident de grue.
Freemantle découvrira un don de dessiner des tableaux sur des évènements qui se sont déjà passés. Dans ces crises, il ressent la sensation de son bras manquant et dans des nuits insomniaques, ces dessins lui révèleront des dangers qui guettent sa famille et aussi l’histoire tragique des Jumelles noyées il y a 80 ans, soit les sœurs de sa voisine, Elizabeth EastLake, une vielle dame qui perd la faculté de la mémoire et qui elle aussi à danser, dans son passé, avec les pouvoirs de Duma Key.
King tisse aussi une grande amitié entre Freemantle et son voisin de plage, l’avocat Wireman, l’homme de service de Mme Eastlake. La force de leur nouvelle amitié les guidera dans les berges de l’ancien manoir Eastlake , là où les peintures fraichement dessinées dévoilent les relents de mort de Duma Key, laquelle est à la merci de sa tortionnaire qui est prêt à tout pour protéger son territoire, Perse et son bateau des morts . Cette dernière pave la voie à cette autre machination du Maître King qui, encore une fois, nous amène en des terres terriblement hostiles.
Ce roman n’est certainement pas le meilleur de King. D’emblée, il faut être très patient pour embarquer dans son aventure. L’accroche se dessine sur près de 100 pages et il faut attendre à la 300 ième pour s’y baigner allègrement et commencer à vouloir tourner les pages à tout prix. N’eut été de savoir que c’est du King, on pourrait être tenté de fermer boutique, mais quelle erreur aurait été commise. La seconde partie est tout à l’image de King et le sentiment d’épouvante s’immisce comme un doux venin diabolique.
Un roman avec un King qui nous donne la narration à la 1 ère personne, très rare dans son cas. Cela m’a déplu vraiment, on s’y fait, mais un bavard comme King qui parle au JE sur 600 pages, c’est dur sur le système. Un récit qui aurait gagné à perdre un 200 pages, mais que voulez –vous ? King c’est King.
Alors si vous réussissez à passer au travers du premier tiers du roman, vous avez de grandes chances de vous rendre à la fin d’une traite. Et à savoir si vous allez aimer, je répondrai comme la maxime du personnage de Wireman :
- Peut-être que si et peut-être que no
Duma Key, Stephen King,Edition Albin Michel, 2008,644 p.