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" width="234" /> Policier aux méthodes contestées, Gonçalo Amaral a rompu la règle du silence imposée aux enquêteurs en attaquant violemment ses collègues britanniques dans un entretien publié par un quotidien portugais. DR
Cinq mois après la disparition de la fillette, Gonçalo Amaral, le chef de la police, a été limogé pour des propos déplacés, mais aussi pour son manque de résultats.
DANS CETTE AFFAIRE où tout n'est que folles rumeurs, allégations sordides et théories fumeuses, voilà enfin une certitude : le chef des enquêteurs portugais, Gonçalo Amaral, a été limogé mardi soir. Dans un entretien au quotidien Diario de Noticias de mardi, Amaral, à l'origine de la mise en examen de Kate et Gerry McCann, attaquait violemment ses collègues britanniques, accusés d'enquêter uniquement sur des pistes « inventées » par les parents de Maddie, en « oubliant que ce couple est suspect dans la mort de leur fille ».Ces propos ont aussitôt amené le ministre de la Justice Alberto Costa à faire une mise au point : assurant qu'il existait une « coopération fructueuse » entre les enquêteurs portugais et britanniques, il a souhaité que l'« on se consacre au travail et pas au commentaire ».
Gonçalo Amaral, qui a rompu la règle du silence imposée aux enquêteurs, est un policier aux méthodes contestées. Il est d'ailleurs, lui aussi, sous le coup d'une enquête : en 2005, la mère d'une petite Joana de 8 ans, dont le corps n'a jamais été retrouvé, a été emprisonnée pour meurtre. Amaral est soupçonné de couvrir ses hommes, qui auraient torturé la mère pour qu'elle avoue. Il y a quelques jours, la presse britannique glosait sur ses journées de travail de « quatre heures et demie » et ses « repas bien arrosés », alors que la plupart des 252 témoignages spontanés que la police aurait recueillis demeuraient inexploités. Quant au portrait-robot d'un éventuel ravisseur établi par les policiers, il était digne du Gendarme à Saint-Tropez : « un oeuf avec des cheveux ! », a commenté un témoin.
Un e-mail au prince Charles
C'est une énième « piste », rapportée ce week-end par la presse anglaise, qui a déclenché l'ire de l'inspecteur en chef : celle de la femme de chambre licenciée par l'Ocean's Club, le complexe touristique d'où a disparu Madeleine, dénoncée par un e-mail envoyé au prince Charles ! « Cette histoire d'enlèvement par vengeance est encore une histoire fabriquée par les McCann, s'est énervé Amaral dans le Diario de Noticias. Elle n'a aucune crédibilité pour la police portugaise. Ce n'est pas un e-mail, par-dessus tout anonyme, qui va nous détourner de notre ligne d'enquête. »
Selon les dernières rumeurs portugaises, la police soupçonnerait les McCann d'avoir conservé le corps de leur fille au « réfrigérateur », en le déplaçant « en divers lieux » autour du complexe touristique de Praia da Luz. Après les fouilles, mi-septembre, dans des crématoriums, ce sont donc des recherches dans les réfrigérateurs de la région qui auraient été lancées... « Insensé : vous avez vu la taille des réfrigérateurs dans les chambres d'hôtel ? », raille un proche des McCann. Les parents auraient ensuite « fait disparaître » leur fille le 3 août près de Huelva, dans le sud de l'Espagne, où ils allaient distribuer des prospectus. Pourquoi, se demandent les enquêteurs, ont-ils choisi ce jour-là, férié à Huelva, si ce n'est pour trouver « moins de gens dans les rues » et être suivi par « moins de journalistes » ? Pourquoi, insiste la presse portugaise, « trois mois jour pour jour après le 3 mai (date de la disparition de Madeleine) », évoquant même un rite anglican, alors que les McCann sont tous deux catholiques... « Ridicule !, assène Clarence Mitchell, le porte-parole des parents. Les images de ce voyage sont visibles sur le site Internet findmadeleine.com ».
Reste qu'avec ce limogeage, cinq mois après la disparition, l'enquête s'enlise encore un peu plus. Aucun élément nouveau n'est venu étayer la mise en examen des McCann, le 19 septembre. Les expertises de « traces biologiques », prélevées en août dans la voiture et l'appartement loués par le couple, et dont les premiers résultats avaient entraîné cette mise en examen, n'ont toujours pas été rendues publiques.
Une intervention politique
Du côté des McCann, on s'interdit toute critique. « Kate et Gerry ont toujours dit qu'ils voulaient coopérer avec la police portugaise, rappelle Clarence Mitchell. Quelle que soit la personne qui remplacera M. Amaral, ceci reste valable. Ils feront tout ce qui leur sera demandé. » Mais en privé, les amis de la famille craignent que ce limogeage, nouvelle preuve du « chaos » qui régnerait dans la police portugaise, n'annonce « rien de bon » pour l'enquête.
Et les journalistes portugais, pourtant prompts à défendre l'honneur de leur police, ne sont pas loin de penser la même chose. Dans le quotidien populaire 24 Horas, l'éditorialiste évoque une « intervention politique » pour expliquer ce limogeage. « Je pense cela pour ne pas penser à pire, poursuit-il. Que Gonçalo Sousa Amaral ait été démis, sous le prétexte d'une déclaration, par une direction nationale qui a tiré le bilan (...) de ce que la PJ s'est totalement trompée dans l'affaire Maddie. »