Peu connu du public en tant que musicien, c'était pourtant une figure majeure du jazz reconnue par les musiciens. George Russel est décédé lundi à Boston, à l'âge de 86 ans, des suites de sa maladie d'Alzheimer.
Le compositeur était pianiste, percussionniste, mais aussi théoricien du jazz. Il est un des premiers à opérer une fusion entre jazz et rythmes afro-cubains. Il va même mettre en place toute une théorie, articulée autour du jeu sur les gammes et le concept de chromatique lydien. Il formalise sa théorie en 1953 dans Lydian Chromatic Concept of Tonal Organisation.
Cette théorie sera notamment mise en application dans The Jazz Worshop, album réalisé avec Bill Evans, qui consacre George Russel en 1956. Mais plus largement, il va influencer de manière très forte toute la création dans le jazz de l'après-guerre, avec le développement du jazz modal. Miles Davis, avec il a collaboré sera particulièrement marqué par ses travaux.
Il collaborera également avec Charlie Parker, John Coltrane ou encore Dizzy Gillespie.
Comme l'explique Jean-Marie Hacquier, journaliste à Jazz Hot, cité par Le Soir, « George Russell n'est pas un musicien très connu. Mais c'était un passeur. Un musicien pour musiciens. Dans les années 60, c'était un révolutionnaire. Il fut le trait d'union entre Duke Ellington et ce que Miles Davis et John Coltrane feront plus tard. C'était un arrangeur très important dans le sens du passage du be-bop vers le free-jazz. En fait, il était plutôt batteur, mais c'était un musicien moyen. C'est son écriture qui compte. Et si on ne l'écoute plus guère aujourd'hui, il a eu une grande importance ».
George Russel avait son propre orchestre, l'International Living Time Orchestra. Il a été primé plusieurs fois aux Grammy Awards.