Nicolas Sarkozy : un malaise qui met mal à l’aise…

Publié le 30 juillet 2009 par Albert @albertRicchi


Le président de la République a du être hospitalisé dimanche dernier à l’hôpital du Val de Grace à Paris, après un « malaise » en faisant son jogging prés de la résidence de la lanterne.

Selon son entourage et les médias, le président a été hospitalisé après avoir été victime d'un «malaise vagal considéré comme mineur». Le grand ami du président, Patrick Balkany, depuis le camping de l’Ile de Saint Martin, l’ile des milliardaires, évoquait un malaise survenu «à la suite de fatigue, d'efforts, etc.», estimant qu'«un malaise vagal c'est quelque chose de passager».

Le porte-parole de l’UMP, Frédéric Lefebvre, a parlé, quant à lui, lors de son point presse, d’un «accident cardiaque» avant de revenir sur ses propos, sur ordre de l’Elysée…

Enfin, dans un dernier communiqué, l’Elysée parle d’un « malaise lipothymique d’effort » sans cause, ni conséquence cardiologique.

Dur, dur la transparence sur la santé des présidents de la 5ème République mais, si pour une fois, Frédéric Lefebvre ne disait pas de stupidités...


Le malaise vagal est dû à un réflexe neuro-cardiovasculaire (le nerf vague innerve le cœur). Il associe un ralentissement du rythme cardiaque (bradycardie) confinant parfois à la pause cardiaque, particulièrement spectaculaire et à une chute de la tension artérielle. Les deux phénomènes conjugués entraînent une diminution brutale d’apport d’oxygène au cerveau d’où la sensation de malaise, chute, voire réelle perte de connaissance.

Jean-Yves Nau, journaliste et docteur en médecine, auteur d’un article sur le sujet pour le site Slate le définit ainsi : "une sorte de dysfonctionnement du nerf pneumogastrique (ou nerf vague) qui entraîne une réduction brutale du débit sanguin elle-même à l’origine du malaise parfois associé à une perte de connaissance. Le « malaise » ou « syndrome » vagal peut aussi survenir dans différentes circonstances, au repos, avec un cortège symptomatique de sueurs, de pâleur et de la sensation que « l’on va partir ».

"Le syndrome vagal représente une entité clinique bien particulière, associant des troubles digestifs (vomissements, nausées, éructations, hoquets) ; des troubles vasomoteurs (pâleurs et sueurs, pouvant entraîner de véritables lipothymies et des syncopes, une chute de la tension artérielle voire un véritable collapsus ; des troubles du rythme (...)" écrivent le Pr Jean Bardet et le Dr Olivier Belliard (hôpital Saint-Antoine, Paris) au chapitre "Infarctus du myocarde" de la bible médicale francophone qu’est le Traité de médecine. Un malaise vagal, qui peut être déclenché par plusieurs causes se combinant éventuellement (stress, choc émotif, fatigue, hypoglycémie....), aggravé par l’alcool et le tabac, est extrêmement désagréable mais toutefois sans gravité.

Selon les termes du communiqué officiel, le malaise est survenu « après » 45 minutes d’un exercice physique intense. Et la question essentielle est celle de savoir si ce malaise « qui ne s’est pas accompagné d’une perte de connaissance » est survenu pendant ou après le jogging présidentiel.

Si l’accident s’est produit durant l’effort, on ne peut, en toute rigueur, parler de "malaise vagal" ou de "syndrome vagal", résume le Pr Jean-Louis Guilmot, spécialiste de médecine vasculaire (CHU de Tours). « Dans ce cas de figure, les causes les plus probables sont bien connues : l’apparition d’un trouble du rythme cardiaque, d’une insuffisance coronarienne, d’un angor, d’un infarctus du myocarde ou d’une cause neurologique. A l’inverse si l’accident se produit après l’effort, nous sommes dans un tout autre scénario nettement moins inquiétant, celui du "malaise" ou du "syndrome" vagal."

Or les témoins de la scène décrivent un président s’écroulant pendant l’effort et non après : Sarkozy a apparemment été obligé d’interrompre son jogging à cause d’un malaise. Le professeur Guilmot l’affirme plus haut : il ne s’agit donc pas d’un malaise vagal, bénin, mais d’un accident cardiaque plus préoccupant. Ce qui explique que Sarkozy ait passé la nuit à l’hôpital en observation cardiologique.

Pour un malaise vagal, on se contente de vérifier les constantes en trois examens rapides. Dès lors, l’on peut se poser la question de savoir si la propagation éclair de l’hypothèse du malaise vagal n’obéissait pas à une volonté de minimiser le problème de santé du chef de l’Etat et de dissimuler une alerte cardiaque ?

D’où ce troisième communique de l’Elysée qui parle d’un « malaise lipothymique d’effort » sans cause, ni conséquence cardiologique, la thèse du malaise vagal étant mise à mal par les spécialistes de la question…

Concernant cette dernière théorie, on peut noter que sur Google, selon Slate, l’on trouve trace uniquement de malaises lipothymiques, de malaises d'effort, mais pas de malaise lipothymique d'effort (en tout cas pas dans des articles qui ne se réfèrent pas à Nicolas Sarkozy).

Moralité de cette histoire, selon le Daily Mail : « L’alimentation restreinte et le régime amaigrissant de Sarkozy pour s’accorder avec Carla Bruni sont derrière son malaise.»

Et comme le disait Winston Churchill à un jeune journaliste pour expliquer sa longévité : «no sport»

Un régime draconien pour séduire Carla, un footing pour entretenir la forme - le cas échéant en compagnie de François Fillon ou de Bernard Kouchner pour séduire les médias et les électeurs crédules - telles sont les préoccupations du président de la République en cet été 2009.

Quant au malaise social et économique de la France, on verra tout ça plus tard…

Photo Flickr-cc : Carla Bruni-Sarkozy par dpcom (http://www.flickr.com/photos/dpcom/)