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«Je sais maintenant que je n’y arriverai jamais.» Ce mercredi 24 juin 2009, sur le coup de 23 h 30, Michael Jackson rentre chez lui, dans son manoir de Holmby Hills. Il est harassé par quatre heures de répétition au Staples Center. Sa tournée mondiale doit démarrer trois semaines plus tard. A un ami qui lui demande comment la journée s’est passée, il ne cache pas son désarroi. Tenaillé par le trac et la peur de l’échec, le «King of Pop» sait qu’une nuit blanche l’attend.
A 2 heures du matin, selon une source policière, un de ses gardes du corps voit de la lumière dans sa chambre, au premier étage. Michael est là, lisant la Bible tout en avalant des antidouleur. Puis il se lève, descend au salon pour écrire des lettres. D’après le récit que les témoins rapporteront au LAPD, il transpire à grosses gouttes. A 4 heures, il se décide à réveiller son cardiologue. Le Dr Conrad Murray ne le quitte pas d’une semelle depuis qu’il est entré à son service voilà trois semaines. «Give me the milk», lui demande-t-il. Le «lait» que réclame la star, c’est du Propofol, un puissant antidouleur, somnifère très dangereux, vendu sous forme de liquide blanc. Le genre de médicament que seul un anesthésiste a le droit d’injecter, en clinique uniquement. Michael y est accro, depuis longtemps. Le Dr Murray n’a pas la qualification requise pour l’administrer, mais peu importe : les désirs de la star sont des ordres. Va pour un premier «shot» de Propofol. En vain. Michael n’arrive toujours pas à dormir. Deux autres injections suivront, sans plus de résultat. Le jour se lève. Pour le «King of Pop», c’est le dernier.
Il est toujours dans le salon de son manoir quand son cœur cesse subitement de battre, peu avant midi. Le Dr Murray panique. Ce n’est pas la première fois que Michael fait ce genre de crise : «Depuis l’été dernier, il a été retrouvé inanimé à deux reprises par ses médecins successifs», révèle un enquêteur. Mais là, l’incident semble plus grave que les autres. Aidé par des gardes du corps, Murray transporte Michael dans sa chambre, où il essaie de le ranimer. Prince Michael a assisté à la mort de son père «Fais venir quelqu’un de la famille ! Je veux un témoin !» crie-t-il à Tippy, un des bodyguards présents. Quelques minutes plus tard, Prince Michael, le fils aîné du chanteur, apparaît. «Regarde bien, je suis en train de sauver ton père !» lui lance le médecin.
Mais le cœur de la star refuse de repartir. Prince Michael assiste en direct à la mort de son père. «Appelez les parents», demande Murray, impuissant. Tippy téléphone à Joe Jackson, le père de Michael, qui éructe, comme d’habitude, mais cette fois non sans raison. Puis il joint le Samu, à 12 h 21 très exactement, selon le Los Angeles Fire Department. «Soit vingt-huit minutes après le début de la crise», souligne un policier de Los Angeles. A 14 h 26, le King of Pop est officiellement déclaré mort au UCLA Hospital.
Qu’il s’agisse d’un accident ou d’un homicide involontaire, l’enquête n’exclut aucune piste. Y compris celle, a priori folle mais soutenue par certains membres du clan Jackson, d’un assassinat fomenté par ceux qui avaient intérêt à ce que Michael meure avant le début de sa tournée. Pour éviter un désastre annoncé et empocher les primes d’assurance... Les fins limiers du LAPD s’interrogent ainsi sur ce coup de fil passé à Joe Jackson alors que Michael était sur le point de mourir. «Pourquoi l’avoir appelé lui et pas un autre membre de la famille plus proche ? Et pourquoi avoir attendu près d’une demi-heure pour prévenir le Samu ?» s’interroge un enquêteur, pour qui «on ne s’y serait pas pris autrement si l’on avait délibérément voulu perdre du temps». Décidé à faire de cette enquête un cas d’école, le LAPD a dressé une liste de 200 personnes à interroger. Parmi elles, de nombreux collaborateurs, anciens et récents, de Michael, des amis et une trentaine de médecins. Affaire à suivre...