À croire même que la pièce avait disparu de la circulation...
Jusqu'à ce que les éditions Nicolas Malais décident de la faire paraître, le 10 août prochain, assorti d'une correspondance inédite, grâce à la (re)découverte de Michel Forrier, passionné de Rostand et qui l'aura trouvée aux Archives nationales. Pour mettre la main dessus, il s'est souvenu que les textes passaient à l'époque tous par la censure, et que Le gant ne pouvait y avoir échappé.
Interrogé par Le Figaro, il ne cache pas son émotion : « Lorsque j'ai lu sur la feuille de garde le titre de la pièce, j'ai eu la conviction que je l'avais enfin trouvée, se souvient cet ancien garde républicain incollable sur l'auteur de Cyrano. Le nom de Rostand ne figurait même pas sur le dossier, mais j'avais en tête des articles de presse sur cette pièce dont le premier acte se tenait au Musée Grévin. »
Mais la critique fut plus que sévère, voire intraitable concernant cette pièce que le jeune Marseillais avait envisagée avec son futur beau-frère. « Au quatrième (acte), il n'y avait plus personne dans la salle », écrit Auguste Vitu, du... Figaro. Mais tout le monde n'avait pas descendu en flèche la pièce, ou du moins l'auteur : « Ce petit Marseillais a de l'esprit et de l'imagination... Vous me saurez gré dans quelque temps d'avoir été un des premiers à vous signaler son nom », écrit René Doumic dans le Moniteur universel.
En 1897, sortira sur les théâtres Cyrano de Bergerac, qui aura tôt fait d'asseoir la réputation de Rostand, qui après avoir payé pour faire jouer sa pièce, paiera de nouveau... pour que le public parisien ne la revoir jamais plus.