On prépare le maillot de bain et l’appareil photo, on déambule dans la verdure, on regarde les étoiles dans la nuit, on se douche à l’eau froide… Et on laisse passer des tas d’infos qui n’ont, semble-t-il, pas la même acuité qu’en période tempérée… Alors pour sortir de cette torpeur estivale dans laquelle le blogueur se prélasse tel un chat au creux de l’édredon, il faut que l’info vienne à lui via un commentateur qui l’apporte sur un plateau (avec 2 glaçons svp, merci !).
C’est le cas de cet éditorial d’Elisabeth Badinter paru dans Le Nouvel Obs le 9 juillet dernier :
Elisabeth Badinter, Nouvel Observateur, 09-07-2009.
C’est net, clair et précis. L’essentiel est dit.
Comme entre deux sirops d’orgeats je comble une lacune en lisant un essai que je n’avais jamais lu, Le deuxième sexe de Simone de Beauvoir, cela m’a fait penser au passage suivant :
« A l’époque où le genre humain s’est élevé jusqu’à la rédaction écrite de ses mythologies et de ses lois, le patriarcat est définitivement établi : ce sont les mâles qui composent les codes. Il est naturel qu’ils donnent à la femme une position subordonnée ; mais on pourrait imaginer qu’ils la considèrent avec la même bienveillance que les enfants et le bétail. Il n’en est rien. Organisant l’oppression de la femme, les législateurs ont peur d’elle. Des vertus ambivalentes dont elle était revêtue on retient surtout l’ aspect néfaste : de sacrée elle devient impure.
[...] La femme est ainsi vouée au mal. “Il y a un principe bon qui a créé l’ordre, la lumière et l’homme ; et un principe mauvais qui a créé le chaos, les ténèbres et la femme” dit Pythagore. Les lois de Manou la définisse comme un être vil qu’il convient de tenir en esclavage. Le Lévitique l’assimile aux bêtes de somme possédées par le patriarche. Les lois de Solon ne lui confère aucun droit. Le code romain la met en tutelle et proclame son “imbécillité”. Le droit canon la considère comme la “porte du diable”. Le Koran la traite avec le plus absolus mépris.
Et cependant le Mal est nécessaire au Bien, la matière à l’idée, la nuit à la lumière. L’homme sait que pour assouvir ses désirs, pour perpétuer son existence, la femme lui est indispensable ; il lui faut l’intégrer à la société : dans la mesure où elle se soumet à l’ordre établi par les mâles, elle est purifiée de sa souillure originelle. »
Le deuxième sexe, tome I, les faits et les mythes.
Le voile, intégral ou pas, c’est exactement ça : se soumettre à un ordre établi par les mâles pour être purifiée de sa souillure originelle… et ce faisant admettre celle-ci, adhérer à ce principe. Voilà pourquoi il est scandaleux de le porter volontairement et non sous la contrainte.